dimanche 2 juillet 2017

Capitale de la solitude

Promenade dans Rome imprévue, merveilleuse, au hasard d'obligations professionnelles! Malgré la fatigue je cherchais une réponse à d'anciennes questions. Et j'avançais vers le cœur de la ville refaisant l'archéologie de ces lieux pour moi, comptant que j'y étais pour la cinquième fois et demi (si je tiens pour demi-expérience une pluvieuse matinée d'août à la gare Termini, où la ville m'était apparue dans toute sa vérité décrépite et souillée)... Finalement, les hasards des dernières années ont fait que je me suis toujours retrouvé tout seul dans cette ville, toujours seul à arpenter les rues en détail (et on visite bien plus efficacement dans la solitude...). Par conséquent peu de souvenirs chérissables: recherches infructueuses, dîners barbants, hôtels tristes - et cette solitude effrayante, plus pesante encore quand tous semblent venir en couples (l'air fatigué par leurs marches, et plutôt malheureux) - et que les habitants se sont enfuis à la plage...

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Mais je continuais à avancer, le long du Tibre, dans les rues sombres, derrière le théâtre de Marcello, stupéfait comme devait l'être l'homme antique errant dans la ville, avec ses monuments fastueux, son commerce, ses divertissements, ses immeubles de six étages, ses aqueducs, ses statues et ses temples anciens, déjà perdus à l'époque dans une mémoire lointaine. Ce n'est même pas de la nostalgie, c'est le même éblouissement, par exemple, le lendemain, dans cette ruelle déserte (pour cause de travaux) descendant du forum vers le Colisée, avec sa végétation luxuriante entre les pavés, où, sans avoir besoin d'une imagination immense, je pouvais entendre la foule marcher hâtivement vers les jeux, et me hâter moi-même.