mardi 28 janvier 2020

Sous le parapluie, un poète oublié, une montagne froide

Sous la pluie battante, entre le pub irlandais et le restaurant japonais, j'aurais très bien pu mettre ma capuche au lieu de m'abriter sous son parapluie, de me calquer sur son pas rapide, sautant joyeusement au-dessus des vastes flaques comme pour prouver ma souplesse et ma vigueur...

*

Paul Toussaint a décrit en son temps une situation similaire (et dont la conclusion avait été similaire!), dans un poème qu'il avait failli supprimer du recueil.

Nous marchons lentement le long du fleuve, 
Abrités embrassés sous ton parapluie bleu, 
Nous nous aimons – quel dommage qu’il pleuve ! 
Mais qu’importe, après tout, le vieux soleil mielleux ?

Et si nous faisions l’amour ?

(...) Passent les avenues, rêve la ville, 
Et toujours nous marchons dans l’air pesant du soir ; 
 Sur ton visage, un dernier rayon brille, 
Une promesse en ton regard un chant d’espoir… 

Et si nous faisions l’amour ? 

*

Il faut savoir se satisfaire de peu, savoir se satisfaire de rien, un sourire à peine esquissé, une information parcimonieusement délivrée (qui accroît nuages et questions eu lieu de dissiper les mystères), une rare attention non forcée. "On me parle d'un volcan, mais je ne vois qu'une montagne froide" lui avais-je répliqué, un jour, furieux de ne rien obtenir.