jeudi 3 novembre 2022

Maxime de ma vie

Échec tout à fait prévisible. Mais que nous aurions pu éviter avec un peu d'écoute du corps et des cycles. Hélas, tout l'effort de calcul et de contrôle va de nouveau reposer sur moi. Quelle mauvaise farce.
Si je pense à cela, à mon inexistante "carrière", à tous les projets évanouis et aux désirs enterrés, je vois l'âge adulte comme l'âge où rien ne se passe comme prévu, où tout prend un temps démesuré et une énergie qui nous est comptée. A l'inverse, tout à coup, les décisions vraiment importantes doivent être prises en un quart de seconde, au gré de hasards brusques, sans aucune possibilité de revenir en arrière.
Maxime de la vie ? Je l'ignore. Autour de moi beaucoup semblent accomplir leurs souhaits, en les ayant tranquillement planifiés. 

Plan sur la comète

Della Rovere prend ses dispositions pour réessayer, avec des idées très précises sur l'année qui vient. Refroidi par toutes les difficultés qui ont précédé l'arrivée de Dino (à un moment où je m' étais presque résigné), je suis beaucoup plus prudent. Cela prendra du temps certainement, et le temps nous est impitoyablement compté. Il fallait être sérieux au bon moment. 

mercredi 5 octobre 2022

Au bord du fleuve, aucun message

On me dit que le corps aurait été retrouvé dans la Loire, deux ans après, de ce père de famille qui avait disparu, laissant sa voiture sur la route, sans donner aucune explication.

Au bord du fleuve, un chemin de terre
Sur le chemin, une voiture
Dans la voiture, personne 
Au bord du fleuve, aucun message 

Continuer avec des suppositions sur ce qu'il est devenu. Ou un dialogue entre le père et sa fille (peut-être plus intéressant de s'intéresser au sort des vivants) 

dimanche 11 septembre 2022

La bataille d'Izioum

Tandis que les médias nous inondent d'articles ruminés depuis trois décennies sur la reine d'Angleterre (paix à son âme), des événements historiques se déroulent à l'est de l'Europe, près de Karkiv, dont on mesure mal l'ampleur et les conséquences.
 
Si difficiles à suivre (et si mal documentés) que j'ai dû reprendre temporairement Twitter pour avoir quelques nouvelles qui courent plus vite que les rédactions parisiennes. Ce retournement si brusque ! Cet effondrement colossal, imprévu...
 
Les exploits militaires de l'Ukraine demeureront dans l'histoire, comme est demeurée la résistance, puis la victoire, des Grecs contre les Perses. Marioupol vaut bien les Thermopyles, et Izioum, Marathon.

samedi 10 septembre 2022

Dans le brouillard (2)

Quelle indécence de ma part !... Attribuer ma paresse à la guerre en Ukraine. Certes, les premières semaines de choc ont laissé l'observateur abasourdi, mais il faut continuer à dire les choses, même des peines et des joies quotidiennes. Sinon, le fracas du monde a gagné, et nous a vaincus. 
 
À ma décharge peut-être, chacun a fait de même, attribuant à la guerre toutes sortes de problèmes (voir le débat sur l'inflation), alors que leurs causes sont plus anciennes et n'attendaient qu'une guerre pour exploser. 

vendredi 19 août 2022

Dans le brouillard

Long silence où plus rien ne semble avoir d'importance... La guerre en Ukraine rend tous les états d'âme vains - encore plus leur expression dans ce blog! - et menace toutes les joies d'une catastrophe imminente. 

samedi 19 mars 2022

Dans les ruines de Mariupol

Images et informations au compte-gouttes, qui ne font qu'accroître l'inquiétude et la culpabilité de ne pas pouvoir agir. Bombardements de la maternité, du théâtre où se réfugient les habitants, des couloirs d'évacuation... Comment une telle sauvagerie, de la part des Russes, peut-elle seulement s'expliquer, pourra-t-elle s'expliquer dans le futur ? Les générations à venir en porteront la honte.
 
Autre conséquence significative : dans les ruines de Mariupol, dans la résistance ukrainienne, apparaît clairement aux yeux du monde une nation. Jusqu'ici, pour l'observateur lointain, l'Ukraine semblait une construction douteuse et bancale. L'histoire aurait pu prendre un autre tour sans doute (une Russie à l'influence plus positive aurait peut-être pu rallier à elle certains ukrainiens?). Mais c'est aussi dans la violence qu'émergent les convictions et les solidarités. L'Ukraine a gagné son droit d'exister. 

dimanche 27 février 2022

Si tu franchis le Dniepr...

Pourquoi être surpris, sidéré devant ces images, ces familles réfugiées dans le métro, ces ukrainiens qui prennent le chemin de l'exode ? Tout était pourtant prévisible, visible, et je n'y ai pas cru... 
 
Les conséquences d'une action aussi brutale me paraissent incalculables. Nous sommes également menacés. Mais côté russe aussi, quel est l'objectif recherché? A supposer que la faible Ukraine tombe, que son gouvernement soit liquidé, comment la Russie tiendra-t-elle un aussi grand pays, ses villes de centaines de milliers d'habitants, quand personne n'a été capable de maîtriser trois villages afghans ou sahéliens ?
 
Je recherchais, sans doute pour me rassurer, les mots ambigus de la Pythie: "Si Crésus franchit l'Halys, il détruira un grand empire". 

jeudi 17 février 2022

Au bois dormant

Dans le dernier film de Woody Allen ("Coup de Chance"), le héros ne parviens pas à écrire son livre car il veut être Dostoievski ou Proust. L'équivalent en littérature du syndrome de la belle au bois dormant, qui attend stupidement que le prince charmant vienne la réveiller avec un baiser: il viendra peut-être, peut-être pas...
Combien j'ai pu m'aveugler pourtant, à croire que je pourrais m'affranchir des écrits médiocres et des relations tortueuses ! Le mythe du coup de foudre, le mythe du coup de génie... constituaient ma ligne de vie, la base de tous mes mensonges. 

dimanche 13 février 2022

Où qu'il soit, il fera partie du monde

Réflexion de Martin Gayford en conclusion de son livre sur David Hockney en Normandie, mais applicable aussi à Claude Monnet, aux peintres flamands, à Hokusai: "La morale est la suivante : ce n'est pas le lieu qui est intrinsèquement intéressant, mais la personne qui le regarde. Où qu'il soit, il fera partie du monde."
 
Applicable à toute forme de création artistique peut-être, quand elle s'élève au-delà du folklore, et qui explique qu'on puisse s'émouvoir pour des haïkus, pour l'Odyssée, pour les souvenirs d'un parisien de la belle époque, pour des musiques lointaines... L'important est d'avoir jeté un regard intelligent et sensible, d'avoir vraiment regardé et ressenti, d'avoir voulu (et réussi à) le restituer. 

Il y a des mois que j'ecoute

"Il y a des mois que j’écoute
Les nuits et les minuits tomber
Et les camions dérober
La grande vitesse à la route"

J'avais les premiers mots d'Albertine Sarrazin en tête l'autre jour. C'était une découverte ancienne, (je crois) encore au collège, un livre de poche fripé sur l'étagère la plus poussiéreuse de la bibliothèque (celle consacrée à la poésie !). Mais ces mots ne m'ont jamais vraiment quitté.

Je m'accuse souvent d'avoir gaspillé ma jeunesse, de n'être pas assez sorti, de ne pas avoir assez fait de sport, assez vu de monde, etc. J'ai fait peu de choses, c'est vrai. Et de ce peu de choses, il ne me reste que des souvenirs insignifiants (je vais tâcher d'en reconstituer des bribes). Tous les amis de cette époque se sont évanouis en quelques brèves années. 

mardi 4 janvier 2022

Un petit coup au carreau

Souvenir de l'an dernier quand j'écoutais les lectures de la Recherche par la Comédie Française:

"Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l’avait heurté, suivi d’une ample chute légère comme de grains de sable qu’on eût laissé tomber d’une fenêtre au-dessus, puis la chute s’étendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle : c’était la pluie."

A-t-on jamais fait plus parfait dans la littérature (dans un haïku japonais peut-être ?), plus exact ?