Re-feuilleté l'Empire du Bien de Philippe Muray. Qu'en dire ? On se sent face à un objet qui a mal vieilli.... qui était peut-être visionnaire et pertinent à son époque, mais qui ne peut plus guère servir pour aujourd'hui.
Les raticonades sur l'empire du bien, sur l'empire de la fête, paraissent bien futiles. L'empire du bien s'est effondré, hélas, et la fête est finie depuis longtemps. Les lumières sont éteintes. Nous regardons déjà cette période, le tournant des années 2000, avec nostalgie, avec le sentiment d'une perte irrémédiable, d'un enchassement de drames dont ne voit plus la fin. Pandémies, guerres, migrations, changement climatique, devoiement des progrès technologiques... Autant de monstres que l'empire du bien cachait, créant un aveuglement complice mais pas coupable. Philippe Muray avait beau se plaindre, on regrette que l'empire du bien n'ait pas triomphé. Malgré tous ses défauts, ses hypocrisies, l'empire du bien valait mieux que les royaumes du mal qui lui succèdent et promènent triomphalement sa dépouille sur leurs piques...
Ah ! Si seulement nous pouvions revenir en arrière, interrompre l'enchaînement des causes, rétablir le sens du progrès. Il aurait fallu des hommes d'une autre trempe que les "fêtards" et leurs opposants aux critiques mesquines, dont les livres ont pris depuis longtemps le chemin des étagères poussiéreuses ou de la déchetterie.