Le visage était oubliable... mais ces fesses! je les ai suivies durant une bonne partie de l'exposition. De toute façon, il n'y avait pas trop d'attention à porter à cette description caricaturale de l'univers d'un grand artiste méditerranéen: un soleil permanent, des enfants qui jouent, des amas de chefs d’œuvre disséminés dans la maison. Comment peut-on accorder le moindre crédit à tout cela?
Je ne nie pas que Picasso est un génie (bien qu'il y ait à prendre et à laisser dans ses réalisations), mais il me semble que le photographe (David Douglas Duncan) s'est maintenu dans une admiration béate, dans la posture grotesque du courtisan. Qu'on juge, par exemple, la façon avec laquelle il a forcé la porte du peintre, en lui offrant une énorme bague en or massif gravée à leurs deux noms et une pierre au reflet de coq: Picasso a dû immédiatement y voir le bon pigeon à berner, utile pour façonner sa légende.

Un dernier point: pour Picasso, le dimanche réussi devait se dérouler "le matin à la messe, l'après-midi à la corrida, et le soir au bordel" (toutes occupations aujourd'hui un peu passées de mode...). À défaut, j'ai passé mon dimanche à méditer sur cet univers factice dans lequel nous évoluons, celui des réseaux sociaux comme de la vie quotidienne, où toutes les difficultés doivent être gommées, tues. Il n'y a plus de place pour un être authentique et complet, avec ses noirceurs comme ses lumières, ses complexités. Et ce blog n'échappe pas plus à la règle, puisque j'y dissimule ma vie officielle, autant que mes instants heureux, ensoleillés!