Je viens d'apprendre la mort de Mano Solo, que mon ami Sébastien White m'avait fait découvrir - cet ami avec qui j'avais eu il y a plus de treize ans une longue conversation ("ce qui me fait peur, ce n'est pas la mort, c'est la vie" - je l'ai citée quelque part cette phrase), au motif que "avec [moi], on peut discuter", et avec qui finalement je n'ai plus jamais parlé. J'ai acheté le disque quelques semaines plus tard... Je pense qu'il y a peu de musique qui m'ait autant bouleversé, en son temps.
Cette mort me ramène à l'adolescent d'alors. Je serais sans doute bien différent, sans Mano Solo, et peut-être n'existerais-je plus; car derrière le désespoir de la vie, il y avait chez lui l'accrochage ultime à l'instant, à l'enfance... Je me suis accroché; j'ai "construit la nouvelle déchirure"*.
Je m'en suis détaché, aussi. Il a changé de thème (tant mieux pour lui) pour aborder des sujets déjà rebattus, et il y a des périodes où une œuvre est essentielle, puis lentement elle perd de son attrait, quelquechose a changé en moi, non en elle probablement... Et pas d'autre artiste sauveur sous la main cette fois, il faudra que je résolve mes problèmes tout seul...