mardi 16 février 2010

Temps des brèves (3)

Le rapport au doute joue aussi un rôle. Lorsque, adolescent, je me lançais dans ces pièces en vers, ou dans ces "réflexions à trois voix", etc. j'assumais sans détour ce que j'écrivais, et même quand, après relecture, je constatais que le résultat n'était pas à la hauteur, je n'y voyais qu'une occasion de commencer autre chose, qui serait assurément non pas mieux, mais bon. Est-ce que je ne crois plus en moi?
En fait, je suis assez vite passé à la phase du doute perpétuel, mais c'était encore sur le mode de l'ironie, comme écrivait Paul Toussaint: "Ah, puissé-je tousser toute ma vie / Et donner au monde un beau poème, / Je ne parlerais plus maladie… / L'espoir serait ce que je sème!"
En ne parlant à personne de l'écriture, à l'époque, de quoi voulais-je me protéger? De ce qu'il y aurait eu à savoir sur moi (ainsi que je le justifiais)? Ou n'est-ce pas, plus bassement, plutôt pour prémunir toute critique? Quelles conséquences auraient eu cette critique?