mardi 8 juin 2010

Denn jede menschliche Tat endet in einem Traum...

"Toute action humaine a commencé par être un rêve et a fini par devenir un rêve". On me signale cette phrase de Theodor Herzl. Qu'est-ce que cela signifie? La version originale prête à moins d'ambiguïté "Denn jede menschliche Tat beginnt mit einem Traum und endet mit einem Traum". Ce n'est pas du tout l'action qui finit par devenir un rêve (mais continue d'exister), mais elle se termine, et elle se termine avec/par un rêve. Evidemment, je préfère cette traduction française inexacte, l'idée poétique d'une action réelle qui surgit et s'évanouit dans le passé, mais se prolonge indéfiniment, comme un rêve.
J'en profite pour évoquer ces derniers plans auxquels je pense fréquemment depuis le rêve évoqué plus haut concernant Üsküdar, d'y retourner avec de bons motifs. Mais ce rêve n'a débouché sur aucune action concrète, pour l'instant. La seule action possible serait de reprendre le turc, et je vais probablement le faire - mais à quelle fin? Devenir un rêve, de nouveau?

Toute lutte abolie

Soudain, au milieu d'un concert qui n'avait pas réussi à m'extraire de préoccupations professionnelles (une constante de la plupart des concerts/pièces de théâtre auxquels j'assiste), quelques notes de la sonate KV570 de Mozart ont ressuscité le vieux rêve de "l'aube", repris également dans "la nuit de Georges", quand il envisage de vivre avec Isabel Bremen.
Il s'imagine qu'il passera sa vie avec elle, dans une grande maison au bord du lac, à l'écouter jouer, assis sur les marches de l'escalier. Je vois aussi la langueur d'un dimanche après-midi d'automne pluvieux, quand le monde alentour disparaît dans les nuages, et que rien ne survit dans cet air cotonneux et mouillé que les quelques notes échappées de la pièce à côté. Cette musique lente et qui semble ne jamais finir sera un avant-goût pâteux de l'éternité de l'âme, d'un paradis mou, engourdissant. Toute lutte abolie. Et combien il sera temps, alors, de penser à l'amour et à l'art, de rêver de Dieu, noyé dans l'instant, un verre de whisky à la main...