mardi 8 juin 2010

Toute lutte abolie

Soudain, au milieu d'un concert qui n'avait pas réussi à m'extraire de préoccupations professionnelles (une constante de la plupart des concerts/pièces de théâtre auxquels j'assiste), quelques notes de la sonate KV570 de Mozart ont ressuscité le vieux rêve de "l'aube", repris également dans "la nuit de Georges", quand il envisage de vivre avec Isabel Bremen.
Il s'imagine qu'il passera sa vie avec elle, dans une grande maison au bord du lac, à l'écouter jouer, assis sur les marches de l'escalier. Je vois aussi la langueur d'un dimanche après-midi d'automne pluvieux, quand le monde alentour disparaît dans les nuages, et que rien ne survit dans cet air cotonneux et mouillé que les quelques notes échappées de la pièce à côté. Cette musique lente et qui semble ne jamais finir sera un avant-goût pâteux de l'éternité de l'âme, d'un paradis mou, engourdissant. Toute lutte abolie. Et combien il sera temps, alors, de penser à l'amour et à l'art, de rêver de Dieu, noyé dans l'instant, un verre de whisky à la main...