dimanche 25 septembre 2011

D'infertiles pâtures

Soirée parisienne dans un milieu fonctionnaro-intellectuel. Après quelques considérations politiques (primaires socialistes, retour de DSK, affaire Karachi) et artistiques (dernières lectures, expositions récentes, foule à ces expositions malgré une "carte culture" que tout le monde semble posséder), la conversation s'est vite orientée vers le vif du sujet, des questions d'argent qui seules semblaient intéresser, finalement. Avec quelque gêne furent comparés les salaires, les statuts et grades, les perspectives.
Par exemple, cette révélation étonnante qu'un scénariste recevrait 3000€ pour un quart d'heure de fiction, alors qu'un pigiste ne toucherait que 75€ pour une journée passée en reportage, non défrayée (chiffres invérifiables mais apparemment de première main). Quelle surprise! Que l'imagination d'un homme vaille quarante fois la vérité!
Et qu'en interpréter sur notre société? Refuserions-nous d'observer, de décortiquer le monde réel, pour nous abandonner à des rêves, des faussetés agréables et chatoyantes? Ou considérons-nous que la vérité n'est finalement pas si intéressante, que sa quête n'en vaut pas la peine: qu'importe en effet, puisque des historiens du futur trouveront bien suffisamment de sources pour nous dire ce qu'il en était vraiment?
Nous éloignons-nous des "Lumières"? Et faudra-t-il jeter à la poubelle (après un modeste effort de tri sélectif) le concept de "société de l'information", comme nous avons envoyé paître dans d'infertiles pâtures les autres vaches sacrées de notre jeunesse, la "fin de l'histoire", "l'alter-mondialisation", ou la "nouvelle économie"?

vendredi 23 septembre 2011

Une femme modestement voilée

Une femme modestement voilée dans le métro m'a rappelé cette amie de l'autre rive, la Chalcédonienne... Elle faisait partie du champ des possibles à l'époque (et peut-être encore maintenant, avec un peu d'effort).
Elle faisait aussi partie de ces personnes qui n'ont "pas de conversation" - une expression, émanant presque exclusivement de femmes, qui me glaçait autrefois (de peur d'en faire partie?). Il est certes vrai que je n'aime pas m'entourer de taiseux, préférant m'abriter sous les bavardages des autres.

samedi 17 septembre 2011

Ce qu'il en restera

Ces réflexions sur Marien Defalvard cachent autre chose, par exemple quand j'écris que les éditeurs ont "sacrifié la vie de ce garçon": ce n'est pas ce que diraient les éditeurs, qui pourraient, à l'inverse, me rétorquer que ce garçon a reçu un cadeau inespéré, une gloire littéraire à laquelle tant de monde a rêvé et rêve encore! (qu'on me montre pourtant ce qu'il en restera dans quelques années)
En d'autres temps j'aurais été ouvertement jaloux, et je n'aspirais à rien d'autre qu'aux éclatants succès du jeune débutant, bien mérités! D'où vient que tout cela ne m'inspire même pas un regret? "C'est ce qu'il aurait fallu faire..." ajoute-je sans conviction.


Car je me rends compte que ce fantasme d'une vie d'écriture, cette "vieille maîtresse" qui m'a fait mener une double existence, a perdu tout charme à mes yeux. J'avais échafaudé pourtant bien des projets dessus, et jusqu'à mes occupations actuelles, jusqu'à ce blog. Suis-je enfin un adulte raisonnable, ou ai-je au contraire cessé d'être sérieux, unique, fidèle à mon destin? J'ai lentement plié en seize, en trente-deux, cette conception orgueilleuse du "moi", puis je l'ai abandonnée, lui ai tourné le dos sans faillir.
Comme, même sans l'ombre d'une dispute, une relation se dénoue...
Et maintenant?

mardi 13 septembre 2011

Prix du livre

Ce post sur un événement de la rentrée littéraire me rappelle encore une fois à quel point les livres neufs sont beaucoup trop chers (sans parler du prix scandaleusement élevé du livre électronique!). Qui peut mettre 20€ dans un livre, à part quelques retraités bien indemnisés ou des "fonctionnaires grecs, coutumiers des prébendes et des quatorzièmes mois"? Surtout, investir 20€ dans un très bon livre qui fera réfléchir ou voyager hors du quotidien, pourquoi pas? Mais quid d'un mauvais livre acheté sur la base de quelques critiques complaisantes, d'une quatrième de couverture dithyrambique? Il y a aussi un risque financier dans l'achat d'un livre - sans même devoir faire la comptabilité de notre coût horaire, du temps gaspillé que l'on aurait pu bien mieux employer!

Du temps qu'on existait


Cet écrivain de 19 ans, Marien Defalvard (quel nom grotesque! j'espère au moins que ce n'est pas le sien dans la vraie vie), déclare, à propos de son roman au titre désagréable, qu'il a cessé d'étudier pendant un an: quand il était lycéen, il pouvait encore (tant le lycée est facile et ennuyeux) travailler sur son livre, chose devenue impossible une fois entré en hypokhâgne à Louis-le-Grand. D'autant plus que, d'après lui, les éditeurs successifs lui auraient imposé par deux fois une réécriture profonde, et donné d'immenses listes de lecture (Gide, Montherlant...) à ingurgiter en quatre ans. Et maintenant, il va aussi falloir qu'il consacre plusieurs mois en interviews, reportages TV, ou dédicaces à la Fnac.
C'est ce qu'il aurait fallu faire... (à moins que tout cela ne soit qu'une fiction, un beau récit publicitaire, puisque la rumeur court que le livre n'est pas de lui - mais j'en doute, et c'est plutôt cette polémique sur l'identité de l'auteur qui me semble un coup publicitaire).

J'ai hâte de lire ce fameux livre (impossible pour l'instant: il est épuisé sur Amazon!), mais j'aimerais plus encore pouvoir lire le premier livre qu'il prétend avoir écrit à 15 ans, et sur la base duquel les éditeurs auraient pris la responsabilité de sacrifier la vie de ce garçon. Non pas que je pense un adolescent incapable d'écrire un bon roman, un chef d'œuvre, bien au contraire! Ce qui m'intéresse est une version non retravaillée par des milieux littéraires, par des adultes... Et je soupçonne qu'il y a en fin de compte peu de changements fondamentaux entre le livre définitif et la première ébauche (qui ne pouvait être médiocre), je crois plutôt que les éditeurs ont attendu que Marien Defalvard soit majeur, et surtout ont inventé avec lui un scénario, un personnage (cette réminiscence de jeune Victor Hugo chevelu, qui semble vouloir "être Chateaubriand ou rien"), et lui ont donné quatre ans pour former sa conversation par le biais de lectures - et probablement aussi de "coaching médiatique".

lundi 12 septembre 2011

De meilleures cartes, jouées différemment

S'il était possible au moins de retenir l'enchaînement de certains actes, d'ajouter à des excuses confuses l'argument percutant, conclusif! Non, au lieu de tout cela, il faut se contenter de ce que l'on a dit, de ce que l'on a fait...

lundi 5 septembre 2011

Harmonie

Della Rovere me dit avoir particulièrement "la pêche"... au moment-même où je m'environne de remises en cause, et songe aux changements. Comme nous sommes loin de ces moniales aux règles rigoureusement coordonnées!