
Cet écrivain de 19 ans,
Marien Defalvard (quel nom grotesque! j'espère au moins que ce n'est pas le sien dans la vraie vie), déclare, à propos de son roman au titre désagréable, qu'il a cessé d'étudier pendant un an: quand il était lycéen, il pouvait encore (tant le lycée est facile et ennuyeux) travailler sur son livre, chose devenue impossible une fois entré en hypokhâgne à Louis-le-Grand. D'autant plus que, d'après lui, les éditeurs successifs lui auraient imposé par deux fois une réécriture profonde, et donné d'immenses listes de lecture (Gide, Montherlant...) à ingurgiter en quatre ans. Et maintenant, il va aussi falloir qu'il consacre plusieurs mois en interviews, reportages TV, ou dédicaces à la Fnac.
C'est ce qu'il aurait fallu faire... (à moins que tout cela ne soit qu'une fiction, un beau récit publicitaire, puisque la rumeur court que le livre n'est pas de lui - mais j'en doute, et c'est plutôt cette polémique sur l'identité de l'auteur qui me semble un coup publicitaire).

J'ai hâte de lire ce fameux livre (impossible pour l'instant: il est épuisé sur Amazon!), mais j'aimerais plus encore pouvoir lire le premier livre qu'il prétend avoir écrit à 15 ans, et sur la base duquel les éditeurs auraient pris la responsabilité de sacrifier la vie de ce garçon. Non pas que je pense un adolescent incapable d'écrire un bon roman, un chef d'œuvre, bien au contraire! Ce qui m'intéresse est une version non retravaillée par des milieux littéraires, par des adultes... Et je soupçonne qu'il y a en fin de compte peu de changements fondamentaux entre le livre définitif et la première ébauche (qui ne pouvait être médiocre), je crois plutôt que les éditeurs ont attendu que Marien Defalvard soit majeur, et surtout ont inventé avec lui un scénario, un personnage (cette réminiscence de jeune Victor Hugo chevelu, qui semble vouloir "être Chateaubriand ou rien"), et lui ont donné quatre ans pour former sa conversation par le biais de lectures - et probablement aussi de "coaching médiatique".