mercredi 18 février 2015

Il s'éloignait le long des portiques

Le jeu des miroirs me permettait d'accomplir le vieux fantasme de l'homme: voir sans être vu. Comme on aimerait, dans ces villes dangereuses (?) et inconnues, pouvoir être invisible, pouvoir marcher dans les rues sans risque d'importuner ou de l'être, en ne laissant que l'empreinte de nos pas dans la poussière.
Et encore! à quoi nous servirait l'invisibilité? Il nous manquerait de pouvoir connaître le passé des autres, leurs vies, leurs désirs - et pour les étrangers, savoir ce qu'ils font ici, par quel battement du monde ils ont accosté sur ces rivages lointains, vers quelles destinations futures. Car si leurs histoires sont aussi tortueuses, imprécises que la mienne la seule imagination ne suffira pas.

lundi 16 février 2015

Plateau

Au loin, derrière la ligne des cocotiers, la vision d'une métropole dans le soleil couchant. Et tandis que nous franchissions le pont, les immeubles reflétaient leurs lumière dans l'eau sombre de la lagune - comme un mirage réussi de Manhattan, un rêve d'avenir décadent.
De près, l'illusion s'estompe, néanmoins.

dimanche 15 février 2015

Désorientation

Pensée: puisque le GRMF ne vaut pas le papier sur lequel il est écrit*, mes parents ont bien fait de me désorienter de la "voie littéraire" que j'ambitionnais de suivre.

Contre-pensée: si j'avais suivi cette "voie", peut-être aurais-je justement fait fructifier mes talents, m'échappant de la médiocrité grâce à la concurrence d'esprits riches.

*

"Triste chose! Toujours la même vieille histoire! Quand on a achevé de construire sa maison, on remarque que ce faisant, on a appris à son insu quelque chose que l'on aurait absolument savoir avant de - commencer à la bâtir. L'éternel et contrariant "trop tard!" - La mélancolie de tout ce qui est achevé!..." (Nietzsche)

vendredi 6 février 2015

Stage à Vladivostok

Acheté, entrouvert, puis reposé rapidement, le livre de Cédric Gras sur Vladivostok*. Qu'attendais-je? Cet endroit mystérieux fait partie de ceux dont rien que le nom fascine, comme Tombouctou, la défunte Alexandrie, Thulé... Une description historique et géographique légère, mêlée à des impressions personnelles, m'aurait suffi, tant je ne connais rien sur Vladivostok... A la manière de Sébastien de Courtois sur Istanbul*. Mais ici, la même recette échoue... Une gargarisation inutile. On apprend deux trois choses sur l'auteur, mais à quoi bon en faire un livre? Un petit blog peu fréquenté aurait suffi!
Je n'ai pas reposé le bouquin calmement dans la pile, je l'ai envoyé promener rageusement dans un coin. Et puis quoi encore? Depuis quand devrait-on publier les rapports de stage de tous les Français éparpillés dans le monde?

jeudi 5 février 2015

J'avais la sensation d'être transparent

Un hiver à Paris d'un certain Jean-Philippe Blondel*. Je l'avais acheté car l'histoire me semblait présenter quelques échos avec ma vie d'autrefois, souvenirs de classe préparatoire, récit d'un suicide à 19 ans... 
Je ne sais pas si cela intéresse grand monde. Bientôt, la "prépa" sera un objet folklorique et dépassé, comme le disque ou la cassette vidéo* - et ce n'est pas moi qui irai pleurer sur son sort. Ce temps perdu était absurde. J'en parlerai plus tard. Quant au suicide des jeunes homosexuels, hélas, ils se poursuivront encore des siècles dans l'indifférence, quoiqu'on en dise. J'en ai déjà suffisamment parlé.
Pour revenir au livre, j'aurais en d'autres temps trouvé irréaliste le fait que le narrateur ne se soit jamais promené dans Paris, n'ait eu aucun ami, et n'ait parlé à personne durant toute une année (!). Mais je veux désormais bien y croire depuis qu'une amie m'a raconté travailler dans un petit open space où personne ne se parle, même pas pour dire bonjour, où tout "small talk" est banni, où le code de politesse est uniquement un silence que personne n'ose rompre malgré son poids! Comment oserais-je juger le monde, quand on m'apprend que de telles situations sont possibles entre gens de ma génération? 
Ou est-ce justement l'habitude des contacts électroniques qui rend superflus les contacts physiques?