samedi 24 septembre 2016

Dans l'étagère des mémoires et biographies

Je cherchais un livre à lire dans la riche bibliothèque des Della Rovere*, riche mais un peu datée sans doute, dans laquelle sommeillent les bouquins de Maurice Denuzière, l'inévitable Belle du Seigneur (si pesant qu'il m'est de nouveau tombé des mains), et quelques rebuts d'il y a 40 ans (notamment un livre étonnant intitulé Pourquoi pas Venise?). Dans l'étagère des mémoires et biographies j'aurais aimé trouver quelque chose qui me soit utile, quelqu'un qui accepte de décrire honnêtement une vie manquée, ce qu'a su faire à sa façon Marcel Cohen* - mais non, impossible! Toutes ces mémoires sentent la statue de cire, sentent la momie,  et toutes les biographies sentent le "grand homme". Qu'ai-je à faire d'un grand homme? 

Il faudrait remonter loin pour trouver le récit d'une vie vraiment ratée, me disais-je, dans l'évangile peut-être? Après tout, si l'on regarde les faits tels qu'ils sont relatés, on y voit un homme (fils de Dieu ou non, mais s'il est fils de Dieu c'est plus atroce encore) qui accomplit des miracles, promet de grandes choses, et que tous abandonnent progressivement puis, trahi par les siens et abandonné par son "père", qui se fait stupidement crucifier par une foule hostile et manipulée. Il ressuscite, certes... 

J'aimerais écrire quelque chose qui soit utile aux autres, non pas des maximes ou des leçons de vie (quelle leçon oserais-je donner?), mais au moins rassurer un lecteur lointain que les doutes qu'il traverse, ses goûts, ses impressions frustrantes de la vie, ont été partagés par un autre, et que nous fassions une partie de chemin ensemble, de même que j'ai fait mon chemin avec Marcel Cohen, avec Simon Leys, avec René Grousset, et tant d'autres.

mercredi 14 septembre 2016

La mort de la Parisienne

Appelons "la Parisienne" ce malheureux embryon disparu en moins d'un mois, cause d'un "choc" émotionnel pour Della Rovere (à quoi s'attendait-elle? que cela n'arriverait pas? je ne veux pas croire qu'elle ne veuille pas d'enfants, cette peur de la maternité est un sentiment totalement incompréhensible pour moi, un sentiment sur lequel je refuse de porter un jugement définitif et que je préfère nier plutôt que d'en rechercher les racines profondes). 

Pourtant, la mort de la Parisienne m'a causé moins d'amertume que la non-existence du Florentin dont cinq ans après je n'arrive toujours pas à me remettre. Depuis cinq ans Della Rovere se joue de cette question et me promène sans que je n'ose exprimer mes désirs, comme si j'en avais honte. On nous a désappris à dire ce que nous voulons. Mais pour nous aussi l'horloge tourne. 

Pourquoi un deuil si rapide de la Parisienne? L'époque est différente peut-être, je suis moins prêt aujourd'hui que je ne l'étais il y a cinq ans (quel paradoxe!), et surtout, on peut se rebeller envers les choix d'une personne mais non se rebeller contre les décisions de la nature... Sans doute "décide"-t-elle judicieusement des choses.