lundi 17 avril 2017

Le serment de fidélité

Discussion sérieuse, et espérons sans lendemain, avec Della Rovere sur l'attitude à tenir en cas de victoire du Front national, à la présidentielle de mai. Della Rovere envisage de rester où elle est, arguant de l'improbabilité  d'une victoire aux législatives ou de leur maintien au pouvoir plus de cinq ans. Rester engagée pour que les choses ne tournent pas trop mal dans le pays. Je lui répondait que le pouvoir ne leur échapperait plus jamais, qu'il pourrait bien commencer doucement mais se renforcerait au fil des années et des boucs émissaires (comme la Turquie d'Erdoğan, qui est plus ou moins le modèle que suivra la France), et que tout fonctionnaire atteindra un niveau de compromission au-delà duquel il sera impossible de se retirer (par exemple quand sera exigé un acte contraire aux droits, ou un serment de fidélité - ce qui devrait vite arriver).

Je défendais une position moins courageuse. Je voyais dans cette victoire un ordre de changer de vie, de partir loin et de cesser de servir les citoyens (ce qui donne un sens à mon engagement). Si les citoyens considèrent que ce que je fais pour eux leur est nuisible, je ne perçois pas l'intérêt de continuer contre leur volonté, même biaisée et désorientée par des manipulateurs livrés à des obsessions d'ordre psychiatrique (l'obsession de Philippot contre l'Europe, par exemple, que j'ai pu observer de près). Une sorte d'exil, en regardant le pays s'effondrer, se déchirer, en comptant les amis emprisonnés, etc. puis, si nous sommes encore vivants 20 ans plus tard, en revenant pour reconstruire la patrie.

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PS: non qu'un serment de fidélité au pays me pose souci, en soi. J'ai toujours considéré que mon engagement professionnel, au lieu des mille autres carrières privées que j'aurais pu mener, valait serment de fidélité.