mardi 31 juillet 2018

Pendant l'été 1959

"Pendant l'été 1959, l'hebdomadaire milanais Successo m'avait envoyé en reportage le long des côtes italiennes. (....) En Calabre me frappèrent le dénuement des villages, la sauvagerie du littoral, la tristesse des jeunes, le poids des interdits. (...) Il ne faisait pourtant aucun doute qu'une sympathie intense m'avait inspiré ces lignes sur l'abandon et la misère d'une province florissante au Ve siècle avant Jésus-Christ mais que n'avait plus jamais visité, comme la Sicile sous les Arabes ou la Pouille sous les Normands, le vent roboratif de l'histoire."
Peu à ajouter à ces mots de Dominique Fernandez prêtés à Pasolini dans son étonnante biographie romancée. Les descriptions de Dumas peut être (le dernier écrivain français, semble-t-il, à avoir mis les pieds en Calabre), qui rappelle des voyages à Madagascar ou au fond d'une Afrique qui n'existe même plus. On y voit des choses qu'on ne soupçonnerait même plus après 60 ans de "construction européenne". Et cette impression d'abandon, de défaite au milieu de la beauté... Il suffirait de quelques années pour changer tout cela (comme Pouilles et Sicile ont déjà grandement changé)... mais pourquoi changer ?!
Constructions éventrées par de mystérieux découragements (la mafia? les séismes?), dans l'Aspromonte ou même au bord des merveilleuses plages de Tropea, à moitié construites et déjà gagnées par la rouille et la  végétation, si bien qu'on ignore si l'on est dans le déclin, dans l'investissement "divesti", si quelqu'un a cru un jour en ces projets ou fait mine d'y croire, ou a juste voulu marquer le terrain comme un chien qui laisserait quelques traces pour l'avenir. Mais même cette nonchalance est agréable, rafraîchissante. On ne se sent pas dans l'économie du profit, du client-roi, de la dépense frénétique, mais ramenés dans une autre ère plus indifférente à la marche du monde et aux lois de l'économie marchande.

dimanche 29 juillet 2018

Frédéric 2

Même condamné, même enfermé dans ce tonneau bien scellé, après des heures d'attente où il a espéré ta clémence, où il a refusé d'admettre que tu lui serves d'objet pour tes expériences absurdes, il a crié. Au seuil de l'oubli, il a crié.
Toutes tes victoires et tes défaites, tes magnifiques compromis, tes constructions mathématiquement ordonnées s'évanouiront, deviendront incompréhensibles aux siècles futurs. Mais ce cri, ils le comprendront.

vendredi 27 juillet 2018

Bilan de mi-parcours

Alors que rien ne s'est passé, la "Bruxelloise" évacuée par la chasse d'eau d'un appartement prestigieux, achevant sa courte course dans le retraitement des ordures, les promesses d'un regard jamais engagées, la colère monte et les jours s'enfuient. 
Il y a pourtant des choses que j'ai prises en main, et tout d'abord (enfin!) un léger effort de présentation physique. Toujours empêtré de mon corps je me suis retrouvé à ne plus en avoir tout à fait honte. C'est déjà un début... 
Mais il reste peu de temps pour tout cela. Il me faudrait avoir quinze ans de moins.