Et il y a des poèmes que nous portons en nous sans les avoir jamais lus, qui soudain éclosent au hasard d'une page. Double éblouissement: le jaillissement du poème dans la réalité d'un livre, et le soulagement d'une sensation enfin parvenue à son port.
"Sailing to Byzantium" de Yeats... depuis 20 ans les mots me manquaient pour décrire cette soif étrange de la ville, même si, pour ceux qui auront lu les autres messages de ce blog, la dimension ottomane et même récente de la ville m'a longtemps attirée beaucoup plus que le mythe byzantin. D'ailleurs, j'ai passé de longues semaines à Istanbul sans jamais mettre les pieds dans la Küçük Ayasofya, la Bodrum Camii, l'Imrahor Camii (dont l'accès n'était pas non plus facile). J'étais plus occupé à écouter le muezzin et boire des bières, qu'à me mettre dans les pas des anciens pèlerins. Et surtout, stupidement (?), j'occupais beaucoup trop de temps à écrire mes "romans" dont personne n'a voulu.