dimanche 13 décembre 2009

Wiedergrün

Revenons loin dans nos souvenirs des occasions perdues. Un jour, Wiedergrün m'a contacté. Je ne sais pas ce que j'aurais dû faire. J'ignore même si je le regrette, ce soir... Il est certain que ma vie aurait pris un tour bien différent. Mais en aurais-je été mieux?
Marchant tout à l'heure dans la forêt transie par l'hiver, je ne m'intéressais pas au spectale des arbres dénudés, de la nature déserte, silencieuse. Je me disais que mes problèmes personnels étaient bien minimes: est-ce là une définition du bonheur? Et je ne souffre pas physiquement, ni ne dois m'inquiéter de survivre! Qui aurait l'audace de demander autre chose? Qui oserait rêver en regardant l'image de Wiedergrün?
Et pourtant, cette affaire me tient éveillé, maintenant que les sons de fête ont disparu, que la ville s'endort paisiblement dans les lumières de noël... Je n'ose pas me regarder dans un miroir, comment oserais-je regarder mes choix en face? J'étais conscient du risque, à l'époque, et j'étais déjà dans cette vie-ci. Wiedergrün aurait vite déchanté - et moi, j'aurais tout perdu, aurais dû tout rebâtir... J'ai mesuré le risque (avec un peu de couardise et de bon-père-de-famillisme), et j'ai préféré ne pas investir. Maintenant il est trop tard. On ne va pas y revenir éternellement! Merde!

mercredi 9 décembre 2009

Minarets (3)

De même, la tribune de Jean-Louis Borloo dans le Monde (lien) est bien gentille ("Car être Français, c'est d'abord une aspiration. On est Français parce qu'on le veut et parce qu'on croit à la devise de la République : liberté, égalité, fraternité. Trois mots qui à eux seuls, résument toute la quête de l'Humanité."), mais les choses ne sont hélas pas si simples, et sont mêlées: de même que nous nous prétendons obéir au droit du sol, alors que nous n'avons jamais abandonné le droit du sang non plus! De même notre nation est le fruit de son rêve et de sa réalité... Toutefois, personne à l'étranger ne voit les Français comme d'abord les porteurs d'une "aspiration". Cela fait de beaux discours politiques, creux, fanfarons et inutiles... français, en quelque sorte...

lundi 7 décembre 2009

Minarets (2)

Jusqu'ici, depuis la décision des rois catholiques en Espagne, et si l'on exclut la question juive ou dans une moindre mesure la question protestante, le problème ne s'était plus posé à l'Europe occidentale de savoir comment accueillir une population différente en son sein. Il faut noter que ce sont plutôt les royaumes musulmans qui ont réussi à maintenir la diversité religieuse en leur sein, pendant plus d'un millénaire... En réalité, depuis l'éviction des derniers musulmans d'Espagne, c'était l'Europe qui s'installait ailleurs, et le rapport de force favorable faisait que nul ne se souciait de l'emprise architecturale de l'occident sur le monde. Cela a donné les grandes églises de Goa, de Macao, et l'imposition de nos monuments séculiers à la planète entière, du Bund de Shanghai au palais de la reine Ranavalona.
Revenons aux hommes. Ce que l'on observe avec nostalgie dans l'Est de l'Europe, c'est la disparition au fil du vingtième siècle de l'idée de cohabitation des cultures: on ne fera pas revivre un Kazimierz, ou la culture germanique de Wroclaw, un Balat ou un Fener - et ce n'est pas le cabanon du patriarche de Constantinople qui fait la moindre illusion. C'est pourtant ce que l'on observe encore (mais pour combien de temps, hélas!) à Damas ou Alep, dans la juxtaposition des quartiers chrétiens, chiites, et des villages d'autres confessions (à l'exception des juifs, qui ont déjà fui). Comme si, en Europe, la nation avait tué les échelons entre elle et l'individu. L'Europe orientale a répondu au problème par les déplacements de population et l'émiettement des territoires (dont la "nation" kosovare est le dernier avatar). Il y a d'ailleurs une contradiction flagrante entre le soutien de nos pays à la partition de la Serbie, au motif à peine dissimulé que les kosovars musulmans ne pourraient pas vivre avec les serbes chrétiens, et le discours de cohabitation interconfessionnelle asséné aux populations occidentales. Comme si une chose jugée impossible d'un côté des Balkans devenait une nécessité absolue et désirable de l'autre côté. (et après, on va me rebattre les oreilles pendant des jours sur les vingt ans de la chute du mur de Berlin!)...
Non sans ironie, ce sont dans nos vieilles nations d'Occident, d'où est né le concept d’État-nation, que la question des minorités se pose désormais. Faire de Paris ou de Londres l'équivalent de la Vienne ou de la Constantinople d'autrefois n'est pas une solution, car la juxtaposition reposait sur une cohabitation ancienne, dans des États qui n'avaient jamais cherché, auparavant, de justification nationale.
Le "modèle anglais" manque singulièrement d'ambition humaniste et de "grandeur" (mais qui se soucie de grandeur?); il revient en quelque sorte à ces métropoles cosmopolites de l'Europe d'autrefois, qui ne pouvaient se maintenir que dans des tyrannies ou, éphémèrement, dans des États en décrépitude.
Je ne crois pas non plus au "modèle français" parce qu'il est basé sur un mythe, une croyance; celle du "plébiscite de tous les jours". Or, à mes yeux, ce modèle a jusqu'ici surtout fonctionné parce que les populations intégrées étaient catholiques et blanches, et parce que la France leur offrait un modèle de culture valable, compatible, sans même compter son aspiration à l'universel... Tout le fatras idéologique de la nation française s'effondre quand, dans le simple regard des autres, de façon automatique, et non forcément par intention raciste, un Français d'origine étrangère et d'une "minorité visible" perçoit inévitablement sa différence. Même les bons esprits politiquement corrects (comme moi) renverront un sourire compensatoire, qui ne vaudra guère mieux.

dimanche 6 décembre 2009

Minarets (1)

Que penser des résultats de cette "votation" suisse sur les minarets? Il est certain qu'il n'y a pas lieu d'être surpris; le résultat serait probablement similaire en France, et plus sûrement encore dans d'autres pays d'Europe. Mon sentiment est que cette décision, quelle qu'en ait été les motivations, aura l'effet inverse de celui escompté, et en réalité favorisera la construction de mosquées en Suisse. En effet, j'imagine mal un maire, ou un tribunal, s'opposer à la construction d'une mosquée maintenant que la question de son apparence a été tranchée une fois pour toute. Jusqu'ici, l’ambiguïté pouvait sans doute servir de prétexte aux récalcitrants. Mais maintenant, quel argument invoquer qui ne sera pas purement islamophobe? La question architecturale était celle qui camouflait (très mal) les autres, mais elle était encore la dernière qui demeurât vaguement politiquement correcte...

Météo

"Quand, jappant comme un chien poursuivi par un loup,
Novembre, dans la brume errant de roche en roche,
Répond au hurlement de janvier qui s'approche."

(de Victor Hugo, La légende des siècles - "Eviradnus")

vendredi 4 décembre 2009

En deçà des mots

Finalement, n'y a-t-il pas un décalage important entre le ton que j'adopte dans ce blog et mon état réel? Pourtant, déjà, j'ai récemment atténué certaines phrases. Il semble que je ne pense à la mort et à la vie que devant une page blanche...
Cela tient sans doute aux raisons initiales qui m'ont poussé à écrire, au secret absolu - conservé sauf à de très rares exceptions (peu convaincantes, d'ailleurs). Comme si seul le désespoir et l'amertume pouvaient être poétiques et dignes d'expression. La vérité est sans doute en deçà des mots.

dimanche 29 novembre 2009

Dérèglement du monde

Excellent livre d'Amin Maalouf sur le dérèglement du monde. Tout son résumé de l'histoire des pays arabes et de ses aléas est lumineux. Il y aurait beaucoup à dire sur ses conclusions, dont beaucoup amèneraient à des développements intéressants. Promettons nous d'y revenir ultérieurement.

Des havres

Il est temps de chercher dans la vie réelle des havres confortables, loin des troubles de la vie. Des havres sur lesquels le monde extérieur n'aura pas prise, ni le monde intérieur, ni le monde des rêves, qui ces temps-ci comme jamais est mon ennemi. Ne plus penser, ne plus rêver, s'absorber dans l'instant extrême...

jeudi 19 novembre 2009

Identité

Nonchalant, éparpillé, inconséquent, sauveur du monde à la petite semaine - en un mot, Français!

jeudi 12 novembre 2009

Lieux rêvés (2)

A ajouter aux lieux rêvés, une piscine intérieure, mais je ne me souviens plus exactement de ses dimensions. C'est une piscine où je suis peut-être allé en vrai une fois, quand j'étais tout petit, mais je n'en suis pas sûr. Il y a une entrée octogonale, la piscine est sur un demi étage, les vestiaires de l'autre côté (vestiaires collectifs si je ne me trompe pas). Il y a un plongeoir au fond, des objets qui y flottent (comme dans la piscine d'Avray). En fait c'est une piscine tout à fait banale: pourquoi devrais-je y revenir périodiquement?
C'est amusant, Della Rovere parle en dormant, mais quasi-uniquement quand elle change de position, une phrase. Jusqu'ici elle n'a dit que des choses ineptes du style "je vais mélanger des pommes avec des poires". Qui sait un jour s'il n'y a pas des choses effrayantes qui en sortiront? J'avais déjà imaginé un roman ou une nouvelle sur cette base, ou quelqu'un qui dort parle d'un crime (rêvé? réel?) pendant la nuit, et sa compagne recherche la trace de ce crime. On peut aller loin avec cette idée, dans toute sorte de direction. Mais cela ramène aussi à l'angoisse fondamentale de perdre le contrôle de soi-même.

dimanche 25 octobre 2009

Tu me parles de liberté

Cette personne (Della Rovere), finalement, m'aime peut-être profondément. Et moi? Qui suis-je pour me défausser à cet amour, et ne pas y céder aussi? Et pourquoi, en quoi ne devrais-je pas me satisfaire de cette vie à tous égards confortable, agréable, réussie, nullement méprisable en miroir de l'univers extérieur? Il n'est pas question d'être un poète de deux siècles passés, exilé sur son rocher, ou, de trois siècles passés, contemplant les ruines de Rome nonchalamment allongé, tandis que le monde bruisse d'une prochaine révolution.
Tu as voulu t'engager d'une certaine façon dans la vie, et, au lieu de suivre cette voie engagée, tu hésites, tu parlementes en session plénière avec toi-même - et fragmenté en de multiples commissions, tu ne réfléchis même pas au vrai sens de tout cela: si tu as quelquechose à apporter à notre assemblée, prodigue-le, même dans le vertige d'une tribune vide, où personne ne viendra t'écouter. Et sinon, ne recherche aucun suffrage, pas même le tien, disparais dans les couloirs d'une vie obscure. Nous ne t'en voudrons pas. Au contraire, nous t'en voudrions bien plus d'avoir mollement tenté puis de t'être arrêté à de petits obstacles matériels.
Mais maintenant, je suis libre! Je n'ai de comptes à rendre qu'à moi, ni à elle, ni à eux. Et je peux assumer tous mes actes et mes choix avec hauteur. Qui viendra me dire que ce que j'ai fait est mal?
Ah ah! Dis-moi dans les yeux que tu peux fanfaronner de telles paroles à toute heure du jour, ou surtout de la nuit! Quand t'étreint le remords de cette vie paisible, cette vie de luttes intérieures - à défaut de combats ostensibles et glorieux! Tu me parles de liberté? Je ne vois qu'un homme à la tête enchaînée, aux membres sectionnés uns à uns - un tronc, puissamment accroché à ses racines, incapable de produire la moindre feuille!

Bruges

Une magnifique après-midi d'octobre, où la lumière jouait sur la pierre, le long des canaux, envahis de feuilles jaunes. Chercher dans la contemplation de la beauté une excuse à la vie... au monde, une ignorance de l'échec. Ce serait en fin de compte facile, agréable.
De rester ainsi au bord du canal. Quand le temps rafraîchira, de se mettre à l'intérieur, allumer un feu, regarder la nuit tomber plus vite, la neige tomber sur Bruges. Dans la solitude, il sera temps, alors, de rêver à l'histoire, d'écrire, un regard sur le ciel bas ou, de temps à autre, sur l'eau indésireuse de rejoindre l'océan.
Sur l'eau boueuse et morte d'ennui. Et quand le soleil reviendra sur cette contrée, je repartirai moi aussi, ne laissant de moi qu'un être ensablé, peuplé par les oiseaux de mer, là où auraient dû toujours voguer, qui ne le pourront plus désormais, les sombres cogues chargées de trésors.

mardi 6 janvier 2009

Moreiro

Il faudra revoir de nombreux passages de Moreiro mais il y a un vrai obstacle: Moreiro n'est pas "bon", ni son frère d'ailleurs. On ne peut pas raconter l'histoire, même en métaphore, comme un conte pour enfant avec des bons et des méchants. Moreiro est cupide aussi, cruel par certains aspects. Le lecteur après un début "roman de cape et d'épées prometteur" va vite être un peu déçu par le personnage... mais, enfin, qu'importe le lecteur!...

Points de vue (grand réveil)

Ce qui sera intéressant, dans le "grand réveil", c'est la question du point de vue, si on dit que la deuxième partie n'est que vue depuis Frino (on peut imaginer qu'elle se rend à Londres à un moment, auquel cas, d'ailleurs, ce pourrait être son avion qui survole Wiesbaden et Bruxelles en évitant la France), puis depuis Barbara Stin qui démêle complètement l'histoire imaginée par Frino, puis par Willy Aden qui réinvente une autre histoire en intégrant également la première partie.