lundi 18 octobre 2010

Empereur du Japon

Effectivement, il faudrait au minimum un empereur du Japon, un descendant de la déesse Amaterasu, pour commencer à envisager le moindre changement!

mercredi 6 octobre 2010

La poire

Instant d'angoisse à la pensée que, finalement, je ne serai jamais beau, ni vraiment désirable. Je n'en ai pas fait l'effort autrefois, il aurait fallu passer plus de temps dans une salle de sport, à faire un peu de body-building... Maintenant, à quoi bon? Et dans quelques années, il sera irrémédiablement trop tard.
On me dira que la beauté n'est qu'un trafic médiatique, une chimère, mais je trouve au contraire que la beauté objective est assez répandue, pour qui se donne la peine de regarder. Comment font tous ces gens?
Il est évident que ma vie aurait été différente, eût mon apparence physique été différente. Et on ne peut pas m'ôter de l'idée que ce que je crois être un choix rationnel et bien informé n'est peut-être, en fin de compte, qu'une résignation, faute de mieux.
L'offre ni la demande n'ont guère été abondantes... Mais j'avais bien peu à offrir (cf. de Paul Toussaint le début du Voyage d'Hiver), et je n'osais pas demander, mendier: quand je l'ai fait, ce fut un échec. Le vertueux, ou l'homme soucieux de sa statue, répondra qu'il n'a que faire d'être un objet de désir. Il n'y a pourtant que cela qui compte: tout le reste aura été construit en vain.

lundi 4 octobre 2010

La carte et le territoire

Après une étude approfondie de l'homme et de sa destinée, voici que Michel Houellebecq (à l'instar de son héros) raccroche son pinceau, imaginant même sa propre mort, en livrant toutefois un ultime tableau, sous la forme d'un portrait/autoportrait de l'artiste. En dehors de la facture habituelle de Houellebecq, son écriture parfaite et froide, son humour, son regard cruel sur le monde ("un regard latin", et il y aurait beaucoup à dire sur cette formidable remarque qu'il formule, à la dérobée), auxquels lui-même ne croit plus vraiment, le grand intérêt de ce livre réside dans ce dédoublement du "Houellebecq", l'auteur du livre et l'écrivain public, dans une caricature monstrueuse de son image médiatique, à la description de laquelle il a dû prendre un plaisir extrême.
C'est sans conteste un écrivain talentueux, le meilleur de sa génération si l'on ne compte que la poignée d'auteurs qui ont acquis une quelconque notoriété ces dernières années (et que j'ai pu lire, n'ayant guère le courage désormais de lire des romans). Mais un génie paresseux, qui n'a pas perdu son temps en recherches intensives sur un sujet, mais qui, au contraire, a collecté quelques informations ici ou là, sur des sites internet (wikipedia, ryanair, etc.) dans des notices d'appareils électriques ou des plaquettes publicitaires, et à qui cela a suffi pour élaborer une représentation du monde... Chez quiconque, cela aurait tourné à l'anecdote amusante, à la miscellanée. Pour Houellebecq, ces exemples, ces copiés-collés qui vont jusqu'à la retranscription d'absurdités, n'ont pas pour fonction de faire sourire le lecteur, mais simplement d'accrocher son livre au réel. Il serait bien incapable, d'ailleurs, de décrire la réalité du monde, lui qui passe ses journées enfermé dans un lotissement irlandais (ainsi qu'il se plait à se décrire). Que le monde de Houellebecq soit vrai ou faux n'a de toute façon aucune importance, car le territoire réel, ni même l'image satellite fidèle, n'ont aucune valeur à ses yeux. Seule compte la carte, c'est à dire, la représentation humaine de ce territoire. Vieille dialectique entre l'art et la nature, pied de nez à la tradition réaliste, minutieuse, de tous ces écrivains laborieux et sans souffle.
Houellebecq décrit très bien ce cheminement dans l'œuvre du héros, qui commence par la photographie pour passer à la peinture ("vous prendrez mille photos de moi, et seul restera le portrait que vous allez peindre"), qui plus est de la photographie encyclopédique d'un ensemble de quincaillerie, à la révélation de "la carte et du territoire", pour finir par des représentations, savamment choisies, de moments clés de notre époque tels que l'artiste les envisage ("la rencontre de Palo Alto"). Une fois ce travail accompli, il n'y a effectivement plus qu'à mourir.