Instant d'angoisse à la pensée que, finalement, je ne serai jamais beau, ni vraiment désirable. Je n'en ai pas fait l'effort autrefois, il aurait fallu passer plus de temps dans une salle de sport, à faire un peu de body-building... Maintenant, à quoi bon? Et dans quelques années, il sera irrémédiablement trop tard.
On me dira que la beauté n'est qu'un trafic médiatique, une chimère, mais je trouve au contraire que la beauté objective est assez répandue, pour qui se donne la peine de regarder. Comment font tous ces gens?
Il est évident que ma vie aurait été différente, eût mon apparence physique été différente. Et on ne peut pas m'ôter de l'idée que ce que je crois être un choix rationnel et bien informé n'est peut-être, en fin de compte, qu'une résignation, faute de mieux.
L'offre ni la demande n'ont guère été abondantes... Mais j'avais bien peu à offrir (cf. de Paul Toussaint le début du Voyage d'Hiver), et je n'osais pas demander, mendier: quand je l'ai fait, ce fut un échec. Le vertueux, ou l'homme soucieux de sa statue, répondra qu'il n'a que faire d'être un objet de désir. Il n'y a pourtant que cela qui compte: tout le reste aura été construit en vain.