dimanche 5 juin 2011

Le magnifique livre

Le "magnifique livre" auquel je faisais allusion est le Journal atrabilaire de Jean Clair. L'auteur, membre de l'Académie Française depuis 2009 (cette élection m'était passée inaperçue) a été conservateur de musées renommés (Beaubourg, Musée Picasso par exemple), mais, curieusement, ce ne sont pas ses opinions artistiques, toutes documentées qu'elles soient, qui forment le plus intéressant de ce journal. Ni le côté "atrabilaire", sans doute fort commun pour de hauts fonctionnaires approchant de la retraite. En réalité, il n'est jamais aussi passionnant que quand il évoque des souvenirs d'enfance, des rêves. Toutes ces réflexions personnelles touchent à l'universel humain, irréductible, car non conçues pour distraire ou instruire des lecteurs avertis, ni comme vengeance contre des milieux parisiens.
Je prends note en particulier de ses longues pages sur l'avènement du matriarcat, qui me frappent maintenant comme une évidence (comment n'y ai-je pas pensé plus tôt?), et sur lesquelles il faudra revenir.
Wie nah fühl' ich von dir! Ce paragraphe relatif aux blessures d'enfance, que l'on pourrait citer entièrement dans ces brèves, sensation que jamais je n'aurais pu si bien décrire. Et je m'amuse aussi de cette page où il raconte avoir évité un ami à cause d'une dispute imaginaire survenue dans un rêve de la nuit précédente - décision qui ne souffre aucun débat*.