vendredi 20 juin 2014

Sacré cœur

Au rond-point, des japonais perdus observaient désespérément leur plan, en montrant une direction que je ne leur aurais pas recommandée... "Mais les touristes ne sont pas tristes / ils te font des sourires gentils / un peu gênés mais très polis" 
Reprenant mon vélo, la chanson de Mano Solo m'est restée en tête (combien de fois ai-je pu l'écouter sans que l'émotion n'en disparaisse?), et je me suis souvenu du quartier où Della Rovere m'a emmené le mois dernier, merveilleux endroit qui m'a, contre toute attente, subitement réconcilié avec Paris et la vie parisienne.

mercredi 18 juin 2014

Voyage en Italie

Dernière page du Rome, Naples et Florence, 1826*, de Stendhal, que je feuilletais rapidement en vue d'un prochain séjour avec Della Rovere.
"La vieillesse morale est reculée pour moi de dix ans. J’ai senti la possibilité d’un nouveau bonheur. Tous les ressorts de mon âme ont été nourris et fortifiés ; je me sens rajeuni. Les gens secs ne peuvent plus rien sur moi : je connais la terre où l’on respire cet air céleste dont ils nient l’existence ; je suis de fer pour eux."
Nous jugerons sur place.

Histoire de ma sexualité

Je me trouvais en terrasse après avoir regardé la coupe du monde*, et, ignorant les conversations de mes voisins proches, j'observais les populations attablées qui sirotaient leur bière en discutant joyeusement (la Belgique venait de remporter son premier match). Je me mettais à regretter de ne pas pouvoir entendre chacune des conversations, qui semblaient avoir dévié de considérations sportives pour aborder des sujets intimes. Comme j'aimerais savoir ce que les autres ressentent! Sortir de mon unique expérience forcément limitée...

C'est la qualité que je trouve à l'Histoire de ma sexualité d'Arthur Dreyfus*. Un titre pareil est assez présomptueux pour quelqu'un de cet âge (mais n'avais-je pas le même ordre de projets quand, plus jeune encore, j'écrivais la Vie amoureuse de Sherlock Holmes*?!). L'auteur s'en excuse vite et fait intervenir des amis aux noms étranges (Persan, Jean d'Oubli, Bord Cadre, etc.), signifiant ainsi que s'il parlera de sa sexualité, dans son enfance, il évoquera aussi celle des autres; c'est une sorte de micro-trottoir aléatoire - exactement ce que j'aurais voulu faire à la terrasse du café. 
Lecture assez rébarbative, mais il y a des éléments de grand intérêt! 

Au hasard, et sans commentaire:
  • "Tu sembles dur comme le fer, mais flexible comme le fil de fer."
  • "J'ai tout de même réalisé un court-métrage inspiré d'un plan cul. On m'a proposé de l'éditer dans le coffret de mes documentaires. j'ai dit non, parce que ma mère allait recevoir le coffret - et que le public de ce film, c'était le monde entier sauf ma mère."
  • "Le genre de garçon à s'essuyer approximativement les fesses pour ne pas trop y toucher."
  • "Peinant à uriner à côté d'un inconnu (laquelle aptitude constitue sans doute l'un des commandements de la masculinité), etc."
  • "Le mystère masculin, c'était une tour aux murs froids à l'intérieur desquels j'imaginais des coffres. C'étaient des coffres fermés que personne n'avait jamais pensé à ouvrir. Des coffres à l'intérieur desquels se seraient trouvées des émotions en miniature, des contradictions non lues, des rêves jamais pensés." [citation de Mathieu Simonet]

mercredi 11 juin 2014

La prise de Mossoul

Tandis que la France se préoccupe de grèves déjà vues et que le monde se distrait au Brésil, l'annonce de la prise de Mossoul par les islamistes, les images de peuples en exode, m'ont donné une impression de fin du monde - le début du désastre pour le Moyen-orient.
On me dira que d'autres cités prestigieuses, Alep notamment, connaissent depuis longtemps le même sort... Mais je ne pense pas la comparaison valable. D'où me vient ce pressentiment qu'une étape irrémédiable est franchie? L'absence d'une armée forte en face, la possible intervention (à découvert) des pays voisins... Je ne vois pas comment les choses pourront jamais s'arranger.

*

PS: est-ce une réminiscence de vieilles lectures? "Relâche les quatre anges enchaînés sur le grand fleuve Euphrate. Et l'on relâcha les quatre anges qui se tenaient prêts pour l'heure et le jour et le mois et l'année, afin d'exterminer le tiers des hommes." (Ap 9 14-15)

mardi 10 juin 2014

Sur le titre de Piketty

Ai lu, comme tout le monde, le Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty* (j'ai trouvé le temps*... parfaite illustration de l'adage personnel "plus on en fait, plus on en fait"). Le titre est assez trompeur, car finalement ce livre est davantage sur le capital aux XIXe et XXe siècle que sur les années à venir, si l'on excepte les quelques maigres chapitres de la dernière partie.

Mais si l'on prend le livre pour ce qu'il est, c'est-à-dire une étude bien documentée du passé et du présent, il s'agit d'une lecture captivante et instructive, éclairante à bien des égards sur nos situations personnelles (comme il est fascinant de constater que les trajectoires que nous croyons originales se retrouvent généralement très bien dans les statistiques): par exemple, le chapitre sur l'héritage et les mentalités mouvantes sur ces questions, que je retrouve exactement dans la différence d'attitude des Della Rovere et des miens... Piketty excelle également à dégonfler un nombre de mythes douteux (la croyance que la bulle immobilière est liée aux capitaux étrangers, entre autres).
Merveilleuses exégèses de  Jane Austen et surtout de Balzac, qui montre que cet auteur est sans doute
le plus grand de son époque (qui n'en manquait pas!). En passant, remarque intéressante sur le fait que, durant tout le XIXe siècle, les écrivains évoquaient sans pudeur les questions d'argent ("huit mille livres de rente", etc.), tandis que les chiffres et la monnaie ont quasiment disparu de notre littérature: Piketty attribue ce fait non pas à la bienséance, mais à l'inflation: une référence à un prix paraîtrait vite très ringarde, et serait incompréhensible pour les lecteurs dix ans plus tard. C'est aussi, sans doute, que nos écrivains n'ont pas fait beaucoup de mathématiques ou de finances et préfèrent ne pas s'y salir les mains.

Quant aux aspects prospectifs... on ne peut s'empêcher de penser en refermant le livre, tant son auteur est convaincant, qu'il serait préférable que le monde devienne plus "pikettien", dans la répartition des richesses, une façon plus juste de vivre ensemble, etc. Mais l'univers pikettien me semble par trop utopique - ou suis-je moi aussi désormais trop cynique, hélas?
Ainsi, le livre ne fait qu'effleurer la question du chômage qui est pourtant le principal problème des sociétés occidentales (du moins dans le discours politique; dans la pratique politique, c'est moins sûr). Est-ce à dire qu'il considère que le chômage est un faux problème, que nous pouvons assurer notre prospérité malgré le nombre important de chômeurs? Piketty semble s'en remettre à la vieille recette usuelle qui consiste à dire que le chômage sera résorbé par une augmentation des dépenses d'éducation (ce qui me semble extrêmement douteux, car tous les métiers ne requièrent pas un niveau d'études considérable). On me dira que, au moins sur cet aspect, le titre n'est pas mensonger puisque l'auteur veut décrire le "capital" et non le travail - mais peut-on décemment scinder les deux notions "au XXIe siècle"?

lundi 9 juin 2014

Projets...

Longue inactivité dans ces brèves... Mais c'était prévisible, tant je me suis trouvé emporté dans un tourbillon d'activités connexes et de sentiments variés qui m'ont empêché toute prise de décision avisée et tout rêve sérieux. Pourtant, ce ne furent pas des jours inutiles!
Il me faut mettre en œuvre ce que j'ai dit, ce que je me suis promis de faire. Pour ces brèves, je ne pense pas à un bouleversement fondamental. Mais je pourrais par exemple rédiger cet abécédaire que j'ai plusieurs fois annoncé à mes amis, et qui me servait de prétexte pour cacher à Della Rovere la rédaction du GRMF. Il s'agirait d'un document public pour mon entourage, sur lequel les commentaires seraient bienvenus, qui pourrait prendre ces brèves comme matière première, mais irait aussi au delà, plus dans la vie réelle peut-être.