mardi 22 juillet 2014

En route

Sous le soleil d'ouest, les traits de goudron formaient une calligraphie étrange, du vieil argent sur un fond noir, c'était comme rouler sur l'étoffe des martyrs, sur la lame d'un cimeterre.

lundi 21 juillet 2014

Le rêve sur l'autoroute

Café sur une aire d'autoroute, dans la lumière poussiéreuse du matin, les camions enfin autorisés à rouler se succèdent en files monotones - et j'ai rangé le café vite bu, le restaurant en bord de route, la route, parmi les sensations agréables de ma vie, l'impression de participer aux vastes mouvements de caravanes sur les pistes, chargées de richesses lointaines, à la glorieuse circulation des marchandises et des hommes, au battement du monde.

mardi 15 juillet 2014

Eyes wide shut

Dîner entre amis, lors d'une nuit de mi-été: sous une pluie légère, le macadam exhalait cette haleine de rue mouillée qu'apprécient tous les urbains dégénérés comme moi, de même qu'ils apprécient la rumeur de la ville et le bruit rassurant des voitures quand ils rêvent, sagement allongés dans leurs lits.
La moitié du repas avait été consacrée au sujet qui m'est cher, et sur lequel pourtant je ne trouvais rien à dire. Ce n'était pas de peur de trop parler: je me suis simplement rendu compte que je n'avais jamais cherché, dans toute ma jeunesse, à comprendre ce qui m'était arrivé, à en évaluer les causes, à chercher d'autres exemples ailleurs. Me plaindre et m'évader, oui! j'ai su faire et j'ai fait continuellement. Mais me poser, réfléchir calmement, et agir sur cette base, j'en ai été incapable; je me suis lancé dans la vie les yeux fermés. Je me suis adapté aux circonstances sans chercher à vraiment peser sur elles (ou si rarement!) - comme un arbre* se contorsionnerait pour trouver la lumière plutôt que de forcer directement son passage à travers les murs d'une maison en ruine.

mercredi 9 juillet 2014

Accusé de réception

J'étais pris d'incertitudes*; j'écrivais dans le cahier à la belle reliure de cuir florentin: "On dira ce que l'on voudra. mais je suis surtout furieux! Furieux que personne ne me réponde, d'observer le miroir et de ne même pas y voir le moindre reflet, même un fantôme éphémère... Je ne peux pas liquider si facilement les sept années du "jeune professionnel", et la leçon principale que j'y ai apprise: que je ne peux pas me passer des autres (tout le monde à part moi s'en est déjà rendu compte à vingt ans, mais au moins est-ce désormais une expérience personnelle irréfutable), que j'ai besoin d'une personne à mes côtés pour vivre, et que j'ai besoin de leurs regards pour m'améliorer*, sans craindre de perdre mon essence dans ce dévoilement! Je ne me suis pas compromis autant qu'on pourrait le croire. J'ai cherché à réaliser mes rêves. Je ne vais pas renoncer!".

Je relis ces mots avec plus de sérénité maintenant. Je sais ce que je veux. Et je n'ai pas renoncé à ce qui m'est essentiel*.