lundi 27 mars 2017

Ad augusta per angusta

Fascinants événements de la politique française, décevants également... Une telle fresque pourtant, avec tant d'acteurs nouveaux, de seconds couteaux et de vieilles gloires, pourra faire longtemps l'objet d'analyse. Comment le plus improbable des candidats est désormais sûr de sa victoire. Comment sa victoire va immanquablement se transformer en défaite un mois plus tard (car qui va voter pour les pitres que sa commission d'investiture aura sélectionnés?). Comment chacun prépare déjà la législative, ayant déjà fait son deuil de la présidentielle (centristes et juppéistes s'accrochant aux candidatures républicaines, seules sûres pour eux et seules à même dans quelques mois de leur assurer une place dans le gouvernement de Macron, quand celui-ci, au milieu d'un vaste désert politique, devra se rapprocher des partis pour en détacher les blocs "progressistes" et/ou pragmatiques).

Est-ce le choix du peuple ? Formellement oui, mais plutôt une suite de circonstances, des hasards. Ou une logique d'éparpillement des idées, autour de radicalités incompatibles? Les programmes les plus extrêmes n'auront satisfait que des minorités, et le centre, avec un programme modéré quoique pas forcément facile, débarrassé de la figure détestable de Bayrou, a une possibilité de gouverner la France pour la première fois depuis plusieurs décennies.
 
L'absence de parti demeure pour moi un vice fondamental, qui m'empêche de m'enthousiasmer devant le succès de l'expérience (bien qu'elle soit à cet égard une "révolution"), et qui me fait déjà entrevoir son catastrophique effondrement dans cinq ans. Je ne suis sans doute pas assez moderne, je continue à croire dans la nécessité de l'ancrage territorial qu'apporte la "politique du passé". La nécessité de se sentir représenté à tous niveaux, et pour le pouvoir central de disposer de nombreux relais. Les partis sont nécessaires à l'équilibre d'un pays, au jeu des passions humaines, locales, mondiales. Là, il n'y a rien que le cerveau d'un seul homme. Des "marcheurs" qui s'arrêteront vite. Je n'y crois pas.