
Chaleur des rencontres (la surprise de voir deux touristes... quand on compare avec la Cappadoce et ses cohortes de cars chinois ou indiens), qualité d'infrastructures presque démesurées, préservation des monuments (parfois même trop, et le présent semble détaché du passé), diversité des paysages... Pourtant personne n'y va, jamais. J'ai moi-même reporté ce voyage dix fois au moins. Peut-être l'exotisme n'est pas assez fort pour des touristes ouest-européens? Ces grandes routes trop longues, ces restaurants à la lumière glauque, cette vie austère et banale, n'éveillent peut-être pas leur imagination, leurs désirs...
Quelque chose dans l'urbanisme débridé d'un pays émergent, et toutes les plaies mal cachées, tous les silences qu'on n'ose rompre. Un voyage qui ne manque ni de grandeur, ni de tristesse. Les vallées de Yusufeli et leurs villages de bric et broc, les peupliers, les terrasses plantureuses, bientôt recouverts par l'eau morne des barrages. Ce que l'on voit n'existera plus. Et pour nous aussi, de tels moments surnageront comme des vestiges miraculeux, inexplicables, construits par des vivants oubliés.
"Un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour."
"Un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour."