samedi 14 novembre 2020

Ils sont dans le jacuzzi...

Dans ces moments d'ennui, promenade sur Instagram où, par le jeu des algorithmes, surgissent en foule les images de ces couples heureux, amoureux, voyageurs, élégants, sportifs, désirables en tous points... J'avais lu il y a quelques temps qu'Instagram est le réseau social qui rend le plus malheureux (dans une rude compétition avec les autres réseaux !).
On a beau savoir que ce ne sont que des fictions personnelles, qu'eux-mêmes dissimulent leurs douleurs, leurs solitudes, s'angoissent dès que les réactions leur semblent insuffisantes, se grisent de l'avis de parfaits inconnus... Mais parfois, au détour d'une image, par certains aspects de vie ordinaire, on croit deviner un peu d'authenticité, une vérité vaguement plausible. Et la question perpétuelle revient: pourquoi rien de cela ne m'est jamais arrivé ? Même pas le reflet de cette image ? Même pas le commencement d'une ébauche d'un reflet de cette image ?

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Et encore, je regarde cela "de l'autre côté de la jeunesse", de l'autre côté de la vie. Mais pour un jeune aujourd'hui, combien en effet ces images doivent être frustrantes, douloureuses. A l'époque, rien de cela n'existait. Il n'y avait quasiment rien entre la littérature et la pornographie pour constituer un imaginaire. En étions-nous plus heureux, ou moins heureux ? Je l'ignore.
Ces images m'auraient rendu malheureux certainement, mais peut-être m'auraient-elles aidé, à leur façon, à comprendre ce à quoi ma future vie pouvait ressembler. Au lieu de cela, je ne voyais alors que des récits sordides, des "ponts des soupirs" scabreux, des personnages caricaturaux qui n'éveillaient en moi ni jalousie, ni aucun désir.