dimanche 17 janvier 2021

Volver

Dans ces journées immobiles je songe à mes futurs voyages - la préparation d'un voyage étant déjà un voyage. 

Et comme toujours, je voyage à Istanbul, explorant virtuellement les fantômes de Constantinople (la mosquée de Vefa par exemple, nouvellement restaurée, mais il y a 7 ans si croulante et désolée que j'avais passé mon chemin), les quartiers le long du Bosphore, et les alentours de la ville que faute de temps et de compagnie j'avais remis à plus tard, Edirne notamment, ou İznik, que les vieux murs enserrent depuis des millénaires.

Et voilà un autre endroit où je voudrais retourner rapidement : Cordoue, Séville où je ne suis jamais allé, Grenade bien sûr, le palais de Medina al-Zahara, plus loin Tolède... L'un des premiers voyages que j'avais fait sans mes parents (en fait, le premier voyage si j'exclus les séjours linguistiques) et qui m'avait fait une impression profonde. La ville écrasée de soleil, où l'on se refugiait dans des chapelles où trônaient les immenses toiles du Greco, aperçues dans l'abattement de la chaleur et du vin rouge... Souvenirs flous mais heureux. 

lundi 11 janvier 2021

Sailing to Byzantium

Il y a des poèmes lus dans l'enfance qui nous portent pour le reste de notre vie.

Et il y a des poèmes que nous portons en nous sans les avoir jamais lus, qui soudain éclosent au hasard d'une page. Double éblouissement: le jaillissement du poème dans la réalité d'un livre, et le soulagement d'une sensation enfin parvenue à son port.

"Sailing to Byzantium" de Yeats... depuis 20 ans les mots me manquaient pour décrire cette soif étrange de la ville, même si, pour ceux qui auront lu les autres messages de ce blog, la dimension ottomane et même récente de la ville m'a longtemps attirée beaucoup plus que le mythe byzantin. D'ailleurs, j'ai passé de longues semaines à Istanbul sans jamais mettre les pieds dans la Küçük Ayasofya, la Bodrum Camii, l'Imrahor Camii (dont l'accès n'était pas non plus facile). J'étais plus occupé à écouter le muezzin et boire des bières, qu'à me mettre dans les pas des anciens pèlerins. Et surtout, stupidement (?), j'occupais beaucoup trop de temps à écrire mes "romans" dont personne n'a voulu.