samedi 13 mars 2021

Souvenir de l'été dernier

Même les vibrations 
De la cloche fêlée sont brûlantes -
Lune d'été

(Tachibana Hokuchi) 

lundi 8 mars 2021

Le retour manqué

Je me prends à regretter de ne pas avoir poussé davantage pour la publication du Retour de WA... Certes, cela m'aurait obligé à m'impliquer dans la vraie vie au lieu de ne faire qu'envoyer courriels et courriers. On peut aussi reconnaître que le seul refus "motivé" était accompagné d'une critique dure que j'ai déjà évoquée: qu'on ne s'attache pas assez aux personnages, que les points du vue ne sont pas assez tranchés, etc.
Pourtant, j'y avais semé les thèmes de la décennie à venir, la manipulation des réseaux sociaux, la cancel culture, et même #metoo (en filigrane), sans doute traités avec trop de légèreté. Et sans doute aussi me suis-je égaré dans les personnages, quand la seule personne vraiment protagoniste de l'affaire est Sofia Frino, qui n'apparaît pourtant qu'au début et à la fin. Il faudrait clarifier, rendre moins brouillonne l'intrigue centrale. 
Mais est-ce que le moment n'est pas déjà passé ? À quoi sert un livre qui aurait pu intéresser son époque, quand cette époque est déjà révolue? Même remarque que sur les poètes contemporains, peut-être doués mais condamnés à la confidentialité ou au silence. Qui les redécouvrira dans cent ans ? Et qui pourra encore s'émouvoir de mots aussi anciens ? 

dimanche 7 mars 2021

La mort de Pierre Jaccottet

Dans une émission culturelle, le chroniqueur de France Inter annonce la mort de Philippe Jaccottet  prénommé par erreur "Pierre Jaccottet". Je lève mon nez de la tasse de café, me demandant si l'on parle d'un frère du poète, d'un homonyme... Della Rovere me demande si je le connais...
Triste fin. Le dernier grand poète de la langue française, le dernier encore à peu près publié et dont les mots pourraient se répéter au-delà des générations, disparaît dans l'obscurité, ignoré même par les gens de bonne culture.
Triste symbole de la poésie française... Peut-on même parler de déclin ? Elle est devenue insignifiante, à peine anecdotique... Dans d'autres pays, aux États-Unis par exemple, les choses semblent bien différentes. Est-ce lié à la langue française si peu malléable ? Est-ce lié à notre histoire, où la poésie s'est perdue dans le genre courtisan qui a ringardisé la rime ? Ou au fantôme de Rimbaud, dont le message a intimidé tous ses apprentis successeurs ?
Cachés dans des blogs perdus, dans des revues confidentielles, il existe peut-être des poètes de valeur qui pourraient "parler" au plus grand nombre, et dont les émotions pourraient se transmettre au delà de leur infime cercle. Mais nés dans le désert, ils demeurent stériles, incapables de modeler leur époque, et à ce titre auront peu d'intérêt pour les générations suivantes, si jamais par accident ou grande chance leurs traces ne se sont pas définitivement perdues. 

samedi 6 mars 2021

Retour sur 2020

On craint même de se retourner sur l'année passée et ses fantômes. Tous les bouleversements dans un espace soudain fermé...
Pourtant, c'est dans cette immobilité qu'a surgi la vie, que ce sont enfin réalisées les anciennes promesses. Paradoxe de la gratitude et de la mauvaise conscience - quand 2020, commencée dans l'infertilité supposée, s'achève dans son inverse éclatant, joyeux.