Dans une émission culturelle, le chroniqueur de France Inter annonce la mort de Philippe Jaccottet prénommé par erreur "Pierre Jaccottet". Je lève mon nez de la tasse de café, me demandant si l'on parle d'un frère du poète, d'un homonyme... Della Rovere me demande si je le connais...
Triste fin. Le dernier grand poète de la langue française, le dernier encore à peu près publié et dont les mots pourraient se répéter au-delà des générations, disparaît dans l'obscurité, ignoré même par les gens de bonne culture.
Triste symbole de la poésie française... Peut-on même parler de déclin ? Elle est devenue insignifiante, à peine anecdotique... Dans d'autres pays, aux États-Unis par exemple, les choses semblent bien différentes. Est-ce lié à la langue française si peu malléable ? Est-ce lié à notre histoire, où la poésie s'est perdue dans le genre courtisan qui a ringardisé la rime ? Ou au fantôme de Rimbaud, dont le message a intimidé tous ses apprentis successeurs ?
Cachés dans des blogs perdus, dans des revues confidentielles, il existe peut-être des poètes de valeur qui pourraient "parler" au plus grand nombre, et dont les émotions pourraient se transmettre au delà de leur infime cercle. Mais nés dans le désert, ils demeurent stériles, incapables de modeler leur époque, et à ce titre auront peu d'intérêt pour les générations suivantes, si jamais par accident ou grande chance leurs traces ne se sont pas définitivement perdues.