"Si je range l'impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui." (Les Mots).
Il faut reconnaître que ce vieux crapaud avait du style! C'est d'ailleurs ce qui le sauve, car tout son livre n'est que du style, l'éclatante exhibition* d'un talent conscient de lui-même. Il sait très bien qu'il ne vaut pas n'importe qui.
Comme la plupart des hommes de son époque, son discours est désormais inaudible, fourvoyé dans les idéologies. Loin d'être l'homme libre qu'il croyait être, il n'apparaît que comme le jouet de la grande mode de "l'intellectuel", croyant remonter à Zola, à Socrate même sans doute! alors qu'il n'avait ni passé, ni avenir.
Pourtant, une fois ces réserves émises, je ne rejetterais pas en bloc l'existentialisme, qui peut survivre indépendamment des gauchismes. Ce que nous dit le message sur la mauvaise foi et la liberté, c'est que l'homme est libre à chaque instant; tout est sujet à renaissance, la pesanteur des choses n'existe pas. Tout est choix. Il n'y a pas de voie tracée (la fatalité du "tout échoit"...); et une fois les voies tracées disparues, avec elles le suicide comme unique horizon s'efface, comme par magie! Non qu'il faille contempler sa trajectoire avec bienveillance! Il faut essayer, et justifier ses essais - tandis que la mort n'est pas justifiable! La mort n'est pas un choix honnête. Il faut porter un regard cruel sur la vie, mais vivre.
Voilà, pour résumer, ce que je peux écrire en hommage au vieux sage, ce que je veux écrire en mémoire de l'adolescent d'autrefois lisant, au fond d'une couchette où pointaient, par le hublot, quelques étoiles d'été, avec stupeur et résignation le message terrible qui l'a sauvé.
Il faut reconnaître que ce vieux crapaud avait du style! C'est d'ailleurs ce qui le sauve, car tout son livre n'est que du style, l'éclatante exhibition* d'un talent conscient de lui-même. Il sait très bien qu'il ne vaut pas n'importe qui.
Comme la plupart des hommes de son époque, son discours est désormais inaudible, fourvoyé dans les idéologies. Loin d'être l'homme libre qu'il croyait être, il n'apparaît que comme le jouet de la grande mode de "l'intellectuel", croyant remonter à Zola, à Socrate même sans doute! alors qu'il n'avait ni passé, ni avenir.
Pourtant, une fois ces réserves émises, je ne rejetterais pas en bloc l'existentialisme, qui peut survivre indépendamment des gauchismes. Ce que nous dit le message sur la mauvaise foi et la liberté, c'est que l'homme est libre à chaque instant; tout est sujet à renaissance, la pesanteur des choses n'existe pas. Tout est choix. Il n'y a pas de voie tracée (la fatalité du "tout échoit"...); et une fois les voies tracées disparues, avec elles le suicide comme unique horizon s'efface, comme par magie! Non qu'il faille contempler sa trajectoire avec bienveillance! Il faut essayer, et justifier ses essais - tandis que la mort n'est pas justifiable! La mort n'est pas un choix honnête. Il faut porter un regard cruel sur la vie, mais vivre.
Voilà, pour résumer, ce que je peux écrire en hommage au vieux sage, ce que je veux écrire en mémoire de l'adolescent d'autrefois lisant, au fond d'une couchette où pointaient, par le hublot, quelques étoiles d'été, avec stupeur et résignation le message terrible qui l'a sauvé.
[*: ai changé monstrance par exhibition qui correspond davantage à ce que je voulais dire (un exhibitionniste qui ouvre son manteau pour montrer, en l'occurrence, son stylo); par ailleurs, monstrance est un objet et non un acte. Gardons toutefois ce mot intéressant dans une synapse pas trop reculée, pour l'avenir.]