Oui, il faudrait que je réforme ma vie (dis-je, sachant fort bien que je ne le ferai pas). Je me rends compte de l'impasse où je me suis mis.
Ce n'est pas une impasse à proprement parler, plutôt une route surprenante, que je n'aurais jamais imaginée dans ma jeunesse (quand je ne me voyais que mort, à moyenne échéance).
Je me permets de juger cruellement mon être d'autrefois, comme on ferait d'une personne distante. Nul ne sait pourtant où l'avenir me conduira - et reconduirai-je ces mascarades de procès dans quelques années?
Hors de la ligne... Mais sera-ce un aboutissement, ou un commencement? Le désir appelle le désir, n'étanche pas la soif.
Sacrifier la stabilité, l'envie de reproduction (qu'ai-je de valable pourtant à transmettre?), le bonheur en somme, pour "trois vieilles chaussettes, un trésor"...
Ou alors il faudrait concevoir une vie d'une toute autre dimension, affranchie des barrières de la relation à l'autre, des jugements - mais une telle vie ne peut faire l'économie de la souffrance de l'autre, ni du besoin de tendresse, ni de la terreur universelle de la solitude.