jeudi 20 décembre 2012

Calendrier maya (2)

Cette fascination pour la fin du monde - un des sujets les plus lus et commentés sur les sites d'information (en concurrence avec l'inepte polémique sur l'exil fiscal de Gérard Depardieu) - m'a prêté à sourire autrefois. Il doit pourtant y avoir quelquechose de plus profond derrière l'humour et les fausses peurs! Un appétit pour la destruction, peut-être, et le désir secret que notre monde s'écroule, que tout cela finisse.
Nous ne souhaiterions plus l'ordre et le progrès (y avons-nous jamais cru?), nous voulons perturber la surface trop lisse de nos vies individuelles et collective, attendant impatiemment la "fin des temps": au bout du compte, n'a-t-elle pas toujours été synonyme de libération?

lundi 17 décembre 2012

Doch tönt es fort und immer fort

Le "Lippen schweigen" de la Veuve Joyeuse, que j'ai eu en tête ces derniers temps (par exemple dans cette version au piano assez basique, où l'on se croirait dans le "vieux rêve de l'aube"*), je me souviens que c'est la Buzarde (une triple buse qui n'est pas restée longtemps dans mon aire) qui me l'avait fait découvrir. C'était à une époque très reculée, pleine de découvertes musicales à défaut d'autres expériences - des mois que je revois parfois avec un peu de nostalgie ("au ciel flottent deux trois nuages..."*).
Mais ces souvenirs ont été effacés par les suivants, et je ne peux m'empêcher d'associer désormais cet air à une soirée magique passée avec Della Rovere au Budapesti Operettszínház, il y a quelques hivers (un spectacle sans doute d'autant plus exceptionnel que je n'en attendais rien, et que nous y étions allés par dépit, l'Opéra d’État ayant été réquisitionné pour un équivalent local des "7 d'or").

Splendeur et catastrophe

Lecture très instructive et proprement captivante de Levant de Philip Mansel sur les trois cités de Smyrne, Alexandrie et Beyrouth (un livre dont l'existence m'avait été signalée par la Validée): très bien documenté, s'appuyant sur des détails étonnants et des chiffres, et surtout allant au-delà des fins évidentes pour poursuivre jusqu'au présent.
L'auteur ne prend pas parti sur l'inéluctabilité ou non de la "catastrophe"; il est conscient toutefois des causes extérieures du déclin, de ses aspects politiques comme économiques; et s'il souligne à juste titre la nostalgie que peut provoquer la "splendeur" de ces villes, il rappelle en toute occasion leur caractère inflammable, soumises à la bêtise des passions humaines ("Zeal trumped self-preservation").
Il faudrait pouvoir y revenir en détail, en citer des passages entiers.

Mais en refermant ce livre, je me suis pris à penser que le vrai "Levant" que je cherche n'est peut-être pas sur les rives de la Méditerranée orientale, que ces villes n'ont plus l'attrait que je leur prête à distance (sauf peut-être Beyrouth, son appétit de vivre, "destination grave, désespérante"*). Les richesses de l'Orient (coton, figues, raisins, tapis) n'ont plus aucune valeur, et leur mode de vie n'a plus rien d'attrayant (que l'on songe à la description effrayante mais sans doute réaliste des mœurs pudibondes dans l'Alexandrie contemporaine... quel contraste!). Peut-être que l'esprit "levantin" s'est réfugié sur les rives d'une autre mer orientale tout autant disputée, portes de puissants empires, refuges de la diversité, de la splendeur, entre Hong-Kong, Singapour et Shanghai... On pourrait sans doute poursuivre la comparaison pendant longtemps. Mais surtout, il me tarde d'aller juger tout cela sur place, d'autant plus que nombre de connaissances s'y sont établies*.

vendredi 7 décembre 2012

Amer savoir

J'avais si puissamment le goût du voyage, au point d'espérer trouver un métier qui exigerait de nombreuses missions à l'étranger, à l'autre bout de la terre, me permettant de régulières découvertes... Un doute me prend soudain: s'agit-il, comme sur bien d'autres aspects, d'une époque clôturée pour moi? Était-ce vraiment ce que je désirais, en fin de compte?
Toutes mes anciennes excitations me lassent; je hais les aéroports, les files d'attente, l'attente; je hais les allers, bien plus même que les retours.

jeudi 6 décembre 2012

D'une ville à l'autre

Un ami de retour de Hong-Kong m'a raconté avoir assisté à des courses dans un immense hippodrome, au milieu des gratte-ciels, où toute la ville se retrouve le soir, pour jouer, boire, discuter...
Tandis qu'il me parlait de sa récente expérience a surgi en moi l'image du fameux hippodrome de Constantinople, dominant la mer et les palais impériaux, signe annonciateur des joies de la civilisation urbaine.

mardi 4 décembre 2012

Stock option

Je songeais également au champ du désirable et du possible, durant cette soirée où avait reparu la Validée (eussé-je au moins pu la valider!). Je l'ai certes toujours considérée comme une option envisageable, enviable, au cas où auraient périclité mes affaires avec Della Rovere. Y ai-je pensé sérieusement, ou était-ce une fiction de plus, comme ces rêves levantins trop légèrement caressés? Un peu lâchement, je me sens soulagé qu'elle quitte ma ligne d'horizon, retournant dans son pays (pour le sauver).

De toute façon, à ma constante surprise, les affaires susmentionnées font preuve d'une étonnante stabilité (malgré mes incessantes contradictions), semblent presque florissantes, bientôt fructueuses, peut-être - situation dont tout le mérite lui revient, bien sûr. Ou, pour continuer sur la rhétorique bancaire et filer la métaphore au-delà du nécessaire, on pourrait voir notre relation comme la rencontre d'un compte d'épargne et d'un "actif pourri", "subprime" incapable d'honorer ses engagements, et auquel personne n'aurait jamais dû accorder crédit. 
Pourvu qu'en sortent pour elle des profits supérieurs, qu'elle s'en trouve enrichie et non dépréciée, que je n'engloutisse pas ses meilleures valeurs dans mes spéculations peu prudentes, dans ma pyramide de Ponzi!

samedi 1 décembre 2012

Wanderung

En allemand, cette profonde distinction entre le "sollen" (obligation extérieure) et le "müssen" (obligation personnelle), si difficile à maîtriser pour tout étudiant français. Pourtant, si je me permets une phrase emphatique de plus, "toute notre philosophie est là", tout notre cheminement intellectuel, dans la grande migration du "müssen" vers le "sollen", quand nous comprenons progressivement que nos actions, nos envies, nos valeurs, sont davantage dictées par le monde extérieur que par nos propres décisions impuissantes, quand nous apprenons à désapprendre...
Parfois cependant, d'autres éléments migrent dans la direction opposée, passent d'une obligation que nous croyions imposée par le monde extérieur à un choix éminemment personnel, incompréhensible et scandaleux pour tout autre que nous (une vocations religieuse, par exemple).