lundi 17 décembre 2012

Splendeur et catastrophe

Lecture très instructive et proprement captivante de Levant de Philip Mansel sur les trois cités de Smyrne, Alexandrie et Beyrouth (un livre dont l'existence m'avait été signalée par la Validée): très bien documenté, s'appuyant sur des détails étonnants et des chiffres, et surtout allant au-delà des fins évidentes pour poursuivre jusqu'au présent.
L'auteur ne prend pas parti sur l'inéluctabilité ou non de la "catastrophe"; il est conscient toutefois des causes extérieures du déclin, de ses aspects politiques comme économiques; et s'il souligne à juste titre la nostalgie que peut provoquer la "splendeur" de ces villes, il rappelle en toute occasion leur caractère inflammable, soumises à la bêtise des passions humaines ("Zeal trumped self-preservation").
Il faudrait pouvoir y revenir en détail, en citer des passages entiers.

Mais en refermant ce livre, je me suis pris à penser que le vrai "Levant" que je cherche n'est peut-être pas sur les rives de la Méditerranée orientale, que ces villes n'ont plus l'attrait que je leur prête à distance (sauf peut-être Beyrouth, son appétit de vivre, "destination grave, désespérante"*). Les richesses de l'Orient (coton, figues, raisins, tapis) n'ont plus aucune valeur, et leur mode de vie n'a plus rien d'attrayant (que l'on songe à la description effrayante mais sans doute réaliste des mœurs pudibondes dans l'Alexandrie contemporaine... quel contraste!). Peut-être que l'esprit "levantin" s'est réfugié sur les rives d'une autre mer orientale tout autant disputée, portes de puissants empires, refuges de la diversité, de la splendeur, entre Hong-Kong, Singapour et Shanghai... On pourrait sans doute poursuivre la comparaison pendant longtemps. Mais surtout, il me tarde d'aller juger tout cela sur place, d'autant plus que nombre de connaissances s'y sont établies*.