samedi 20 avril 2013

Grappins

Une fausse manipulation (?) m'ayant forcé à réécrire tout un post (celui sur l'aéroport de Barajas), je me suis rendu compte que j'en connaissais les phrases par cœur, qu'il en allait ainsi pour l'essentiel de ce blog... Même des articles non-écrits je me souviens!
Ce n'est qu'une demi-surprise car la possibilité de créer des liens et des catégories m'amène très souvent à jeter un regard en arrière. C'est comme si je m'accrochais aux mots de ce blog pour avancer dans le présent, jour après jour.
Et je me demande si, dans quelques années, quand Alzheimer aura détruit les vagues souvenirs de ma vie actuelle, Della Rovere, les villes que j'arpente, je ne continuerai pas à me remémorer impeccablement les Brèves, si je ne les ânonnerai pas comme de stupides chansons aux aides-soignants et à mes camarades de l'hospice, pour leur plus grande joie - bien sûr... Au moins aurai-je quelques auditeurs accidentels!

mardi 16 avril 2013

L'ordonnancement rigoureux de la phrase, celui des bâtiments

A force de travailler et, pour ainsi dire, de vivre dans une langue étrangère, on mesure à quel point lire et écrire en français peut s'avérer reposant, à quel point le mauvais jeu de mot suivant (sans doute éculé) est exact: que la langue maternelle est une patrie.
Le retour soudain à la langue me fait l'impression d'une vieille maison confortable trop longtemps délaissée, dont la beauté frappante dans la lumière du retour nous indifférera pourtant vite, et dont bientôt nous ne verrons plus que les fuites, les fissures, les fantômes...
Comparaison n'est pas raison, et pourtant en voici une autre: à chaque passage à Paris, je suis stupéfié par la beauté de la ville - que j'oublie systématiquement une fois à distance, et que j'avais à peine regardée quand j'y vivais. C'est une sensation que l'on n'ose surtout pas avouer à ses amis parisiens - pour qui la normalité est effectivement d'habiter dans un décor inchangé depuis plus d'un siècle, et qui préfèrent se plaindre des prix de l'immobilier, des bouchons, de la surpopulation, de tout et de rien - au lieu de s'arrêter sur les joies de leur quotidien (je force un peu le trait, et c'est sans doute davantage un portrait fidèle de ma vie d'alors).

*

En lisant des textes de Simon Liberati et de Simon Leys (notamment une hilarante description des fautes de style chez Balzac), je me demande si cette vision d'une langue "reposante" ne dénote pas une sorte de paresse de ma part, un signe de mon incapacité à m'aligner résolument sur le modèle des ancêtres autant qu'à envisager des constructions plus originales... Cette beauté formelle si grandiose me protège et en même temps m'étouffe, cette soif du mot exact en harmonie avec la clarté de la pensée (à l'inverse de la confusion balzacienne reprochée par les deux Simons). On aimerait perturber les choses, mais on ne le peut. L'ordonnancement rigoureux de la phrase, celui des bâtiments, condamnent la fantaisie aux détails de façade, aux parenthèses, et même une infime provocation semble ridicule et affectée, si elle ne s'intègre pas dans un tout jusque-là impeccable (pour autant qu'il le soit!).

lundi 15 avril 2013

Barajas

¡Ces propositions flatteuses (qui contredisent mon jugement sévère) n'arrivent jamais à point nommé, au milieu d'obligations professionelles (on se serait cru dans la Nuit de Georges), lorsque je cours dans les transports publics, des dossiers à la main, sans même le choix de choisir - "que puis-je y faire?" aurait demandé le vieux Khayyam*!

Cela me rappelle une vieille histoire madrilène que j'avais jugée sans avenir, et qui, réflexion faite, aurait probablement donné lieu à de bons souvenirs, ou qui aurait au moins pu me fournir une solution d'hébergement en urgence au moment où les amis et les technologies m'avaient lâché! C'était avant le smartphone, avant l'euro, quand tout était bien plus compliqué. Quelle époque préhistorique! Aujourd'hui nous nous serions bippés, "likés" sur Facebook, suivis sur Twitter, et l'affaire aurait été dans le sac (charmante expression).

mardi 9 avril 2013

Ce qu'on ne lira pas

Je délaisse un peu les brèves ces derniers temps, mais c'est pour la bonne cause... 
Je voulais écrire des messages sur la fantastique attaque DDOS sur Internet (quels combats épiques et méconnus ont lieu derrière nos écrans, à qui manque un chroniqueur - Bellanger a toutefois montré le chemin), des anicroches franco-belges (un choc culturel, en quelque sorte, entre les râleurs et les trop placides), mon aversion au sport (on en voit le résultat), le livre trop diplomatique de Marc Pierini sur la Turquie (en lien avec des projets estivaux de revivre des expériences passées), et, parmi les "plaisantes sensations", celle de laisser parler un commercial lorsque l'on sait déjà que l'on veut acheter... Tant pis, plus le temps.
Car suite aux révélations de Della Rovere sur ses intentions à moyen-terme, qui ne rejoignaient pas les miennes et s'éloignaient encore plus des vieilles promesses, j'ai décidé de reprendre le Grand réveil (une sorte de paternité par défaut...). La rédaction avance mieux et bien plus vite que prévu. J'y mets toutes mes préoccupations éternelles; les brèves n'en seront qu'une redite. 
Tant pis aussi pour toutes les autres activités auxquelles je devrais me consacrer: le sport, les langues étrangères, le piano, les amis, et les délices de la vie - business first!