jeudi 29 août 2013

Approche médicale de la vie

Défaut des ""filles de médecin"* qui ne voient qu'un corps mort quand nous pleurons une personne disparue. Si l'on part de ce point de vue, bien sûr, on peut conclure sans sourciller qu'il valait mieux qu'elle meure maintenant qu'à l'état de légume dix ans plus tard, ou dans d'effroyables souffrances. Mais on aurait pu aussi souhaiter que ce décès n'eût pas eu lieu si tôt, qu'elle soit encore parmi nous, qu'elle puisse observer la vie se poursuivre au-delà d'elle, nos improbables enfants grandir, peut-être. Et ne sommes nous pas également tristes pour nous mêmes, pour les souvenirs qu'il nous faut enterrer, pour les années soudain évanouies?
Au moins les filles de médecin savent-elles quoi dire face à la mort, même si ce n'est pas ce que j'ai envie d'entendre, même si "l'approche médicale de la vie" me paraît un sol sec et ingrat, mille fois inférieur aux mondes infinis et fertiles de l'émotion.


PS: c'est sans doute pour les médecins le seul moyen d'atténuer l'angoisse; on ne peut opérer que l’œil sec.