En haut de la colline, j'ai vu la ville dans son immensité, immeubles massés au bord de l'eau, courant sur les hauteurs, vrombissement lointain des avions, des navires. Le chemin avait été caillouteux, solitaire. Des milliers de cigognes volaient en masse autour de l'île (un spectacle majestueux que je n'avais jamais contemplé dans une telle ampleur). J'ai franchi la porte du vieux cimetière abandonné; c'était un cimetière grec orthodoxe, dont les morts les plus récents avaient été déposés là il y a plus de quinze ans. Comme leur monde avait changé! Et dans la pensée de ces vies exposées aux plus grands chocs comme aux délices de la "ville des villes", sans cesse bruissante, sans cesse croissante, dans le déchiffrement de ces tombes étrangères, tandis que les cigognes poursuivaient leur route, que je descendais prudemment la colline, j'espère avoir logé, sans alors le savoir, le
souvenir de la merveilleuse femme qui est décédée la nuit dernière - de la personne chaleureuse et aimante qui a pris soin de moi dans la maladie, qui a veillé sur nos jeux d'enfants - à qui je n'ai pu apporter aucun réconfort aux heures graves.
Puisse sa mémoire évoluer encore dans la beauté du monde, vivre quelques années de plus chez ceux qui auront eu la chance de l'approcher. Que puis-je formuler de plus, moi qui aimerais tant pouvoir croire en l'immortalité de l'âme? Mais la mort me semble (hélas) dénuée de tout mystère: nous disparaissons, et nos noms s'effaceront; même les plus florissantes cités s'écrouleront. Les plus beaux paysages n'auront été qu'un songe grandiose, éphémère, dans le sommeil de l'éternité.
Pour autant, mon regard n'en a jamais été moins émerveillé ni moins reconnaissant. Étrangement plein de gratitude, en fin de compte.
souvenir de la merveilleuse femme qui est décédée la nuit dernière - de la personne chaleureuse et aimante qui a pris soin de moi dans la maladie, qui a veillé sur nos jeux d'enfants - à qui je n'ai pu apporter aucun réconfort aux heures graves.
Puisse sa mémoire évoluer encore dans la beauté du monde, vivre quelques années de plus chez ceux qui auront eu la chance de l'approcher. Que puis-je formuler de plus, moi qui aimerais tant pouvoir croire en l'immortalité de l'âme? Mais la mort me semble (hélas) dénuée de tout mystère: nous disparaissons, et nos noms s'effaceront; même les plus florissantes cités s'écrouleront. Les plus beaux paysages n'auront été qu'un songe grandiose, éphémère, dans le sommeil de l'éternité.
Pour autant, mon regard n'en a jamais été moins émerveillé ni moins reconnaissant. Étrangement plein de gratitude, en fin de compte.