samedi 24 janvier 2015

La peine de Raif Badawi

Images insoutenables de ce blogueur saoudien, condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet, distribués 50 par 50, chaque semaine, en public. Je lis que la deuxième "séance" a dû  être reportée car le condamné "n'avait pas cicatrisé et menaçait déjà de succomber" (ou est-ce un moyen discret de suspendre la peine? quoiqu'il en soit, elle a été prononcée). On ne sait pas si cette barbarie d’État n'est pas plus choquante que la somme de tous les actes terroristes.
N'oublions pas, en ce qui concerne un régime soi-disant plus proche de nous, la condamnation à la prison (certes, avec sursis) du pianiste Fazil Say, pour un audacieux tweet où il professait son athéisme. La peine est moindre, mais le régime turc, car il n'a pas les mêmes contraintes de légitimité, est sans doute plus fautif que le saoudien. Au moins, l'Arabie Saoudite n'a jamais eu la prétention d'être une république, une démocratie, un candidat à l'entrée dans l'Union européenne...

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Et pendant ce temps, la "rue musulmane" (un concept large et biaisé) s'enflamme pour une petite caricature qu'elle n'a pas vue* (et que par ailleurs je trouve très mauvaise). Quelle indignité!



*: à cet égard, honteuse réaction des médias anglo-saxons qui ont refusé de montrer l'image du journal au motif qu'elles pourraient "heurter" - mais qui? quoi? pourquoi? Qu'y avait-il de choquant dans cette image, mis à part le fait (choquant?) qu'il s'agissait d'une représentation du prophète (et en quoi serions-nous soumis aux mêmes interdits que les musulmans pieux?)? Et si nous donnons ainsi raison aux intégristes, comment pouvons nous aider en quoi que ce soit les modestes questionnements d'un Badawi ou un Say? Nous sommes aussi coupables.