mercredi 3 février 2016

Le rêve dans le labyrinthe des causes

Rêve que je voyageais à Istanbul avec Watson et Jean le Paisible. Une fausse Istanbul, de nouveau, dont on ne voyait aucun des monuments fameux, pas même la topographie! Le seul point commun était qu'il nous fallait traverser le Bosphore (un petit canal) depuis d'équivalent de Tophané. Nous empruntions une sorte de "pont de singe" que Jean le Paisible dévalait comme un toboggan, au risque de tomber dans l'eau froide.

Une fois cette traversée effectuée, nous devions retrouver la Chalcédonienne* sur l'autre rive, par un bus qui allait dans un lieu appelé Dumdum (ou Dumduk) mais finalement le bus partait sans nous. Nous prenions alors une voiture, remontions la côte vers le Nord, passant un pont et cherchant le fameux "troisième point". puis nous nous arrêtions dans une sorte de café glauque comme il y a en a beaucoup en Turquie. Le temps pressait; nous risquions de rater notre avion. 

A ce moment-là, je recevais un appel de la Chalcédonienne qui me disait que nous ne devions pas nous embêter à la voir, puis, après un moment de silence, que ses deux parents étaient morts, que nous pourrions la voir la semaine d'après - pour les funérailles.

A demi-réveillé, je me rendais compte que ce serait compliqué de trouver un vol pour le weekend prochain.

*

A moitié rendormi, dans ce train matinal que je commence à bien connaître (et où curieusement j'occupe toujours la même place), je me demande pourquoi mes rêves m'ont encore emmené dans Istanbul, même la fausse, alors que j'ai depuis quelque temps déjà réglé mon compte avec la Turquie, que je n'y suis plus allé depuis deux ans, que je n'y retournerai plus avant longtemps, jamais peut-être, et certainement pas avec les mêmes espoirs ni les mêmes désirs qu'autrefois.

Une illusion de plus qui s'est brisée en peu de temps! Et pourtant, tous ces rêves étaient atteignables peut-être. Par essence ils étaient certainement compromis, impossibles, fous - condamnés à se faire massacrer par le réel, asphyxiés dès la moindre protestation... Pourtant, même les choses qui n'ont pas eu lieu peuvent demeurer dans l'ordre du possible, jusqu'à preuve de leur échec. La réalité prend des chemins tortueux, incohérents, absurdes si l'on pouvait la regarder depuis l'amont! Ce n'est qu'en aval que le labyrinthe des causes nous paraît évident, univoque. Et nous nous frappons la tête en nous disant "bien sûr", en regrettant le temps perdu à courir après des illusions, comme Swann après une femme "qui n'était pas son genre", par exemple; mais pendant ce temps là nous avons vécu, et emprunté le même chemin que le monde!