mardi 31 janvier 2017

Le plus tôt serait le mieux

François Fillon doit se retirer de la course quel qu'en soit le prix pour le parti. Le plus tôt serait le mieux. Il pourrait peut-être gagner la bataille judiciaire mais il a perdu la bataille de l'intégrité morale, et n'a plus rien faire en politique, en tout cas rien à faire dans cette élection présidentielle.
Qu'avait-il en tête durant toutes ces années ? Et on ne parle pas des années 1950, on parle d'il y a moins de dix ans. C'est indéfendable. Qu'il parte! et qu'on en profite pour faire le ménage dans nos pratiques et nos accommodements avec l'honnêteté et la transparence.

lundi 30 janvier 2017

Suite de Sur Venise (2)

Ce passage est d'autant plus étrange que la "révolution" à laquelle Emmanuel Macron invite la France semble être l'inverse du chemin entrepris par Venise: quitter notre fétichisme de la terre, notre vision fermée de l'hexagone, pour l'ouverture vers le monde et une modernité prometteuse. Comme l'ont fait tant de Français partis à l'étranger, qui sont sans doute un bon vivier pour lui. Mais notre système politique est trop territorial, c'est un système de notabilités et de "gens du cru".
Sa révolution ne marchera jamais. Même s'il est élu, il sera rattrapé par ces mécanismes de légitimité locale. Il va peut-être dans le sens de l'histoire mais, curieusement, la géographie compte sans doute plus désormais...

Totems de la modernité

Exposition Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton (quel merveilleux bâtiment, tournant le dos dédaigneusement à la ville ancienne (on aperçoit la tour Eiffel uniquement par une fente improbable) et s'ouvrant sur la verdure et les buildings de la Défense, comme un rêve d'Amérique ou de Japon. C'est stupéfiant!).

Mais l'exposition elle-même m'a déplu. Les tableaux sont magnifiques et m'ont donné l'occasion de raviver mon intérêt pour Matisse (il faut les voir en vrai, et en nombre, pour se faire une juste impression de l'effet que le peintre recherchait). Outre qu'il y avait trop de monde et que le public des expositions quoique bien cultivé n'est jamais très civilisé (mais que faire?), la démarche de cette exposition m'a semblée très vaniteuse, sans intérêt. "Icônes de la modernité", mais c'est nous qui en faisons des "icônes"! Chtchoukine ne les avait pas conçues comme telles: il s'agissait plutôt d'un "salon" servant à l'éducation du goût moscovite, pour l'ouvrir aux tendances modernes. Il n'a jamais lui-même prétendu qu'il faudrait avoir quelque révérence pour ces tableaux (il a failli renvoyer la Danse!), il s'agissait plutôt d'une recherche basée sur des relations personnelles avec quelques artistes - et sur ce point-là l'exposition me laisse sur ma faim.

On compare la salle des Gauguin à une iconostase, mais tout le monde accrochait les tableaux de cette façon à l'époque, serrés les uns contre les autres, sans laisser un seul espace vide! C'est nous qui les isolons comme des totems au fond de salles vides et blanches! Quelle tristesse.

vendredi 27 janvier 2017

Sur Venise (2)

Hasard des lectures, je trouve une allusion à l'histoire de Venise dans le livre d'Emmanuel Macron. Il consacre une page (!) à une sorte de comparaison entre la France d'aujourd'hui et la Venise du XVIe siècle, obligée de changer son modèle économique, suite aux conquêtes turques et à la découverte de l'Amérique qui a entraîné un déplacement des flux commerciaux. Venise s'est tournée vers la terre ferme, et il est vrai que ce que l'on admire aujourd'hui a peut-être plus à voir avec cette capitale provinciale qu'avec le centre d'un grand empire maritime.
C'est oublier pourtant que les Vénitiens se sont battus pendant deux siècles pour conserver cet empire, qu'ils ont continué à faire des profits dans le commerce levantin, et que cette orientation vers la terre ferme leur a fait perdre leur identité, puis leur indépendance.
Je n'ai pas compris la comparaison, mais j'admire qu'il en parle. Il ne m'a pas semblé lire quelque chose d'approchant dans les torchons politiques feuilletés récemment. C'est vraiment un esprit atypique.

Sur Venise

Fascinant livre d'un historien oublié, sur la fidélité de la ville à ses origines (une "polis" antique qui a traversé les siècles), au moment où l'Europe inventait de nouvelles formes sociales et territoriales, la féodalité autour du château et loin de la ville, le nomadisme "barbare" qu'ont préservé les rois jusqu'au 18e siècle (et même au delà, j'y reviendrai). Ainsi, la fidélité à la forme byzantine n'est pas qu'une vague influence liée au commerce, mais l'affirmation d'un lien avec l'Empire romain (d'Orient, celui qui avait survécu), et, dans l'architecture, une volonté de se démarquer d'influences pourtant proches géographiquement.
Ainsi la basilique Saint-Marc est-elle avant tout un pastiche byzantin, une oeuvre volontairement archaisante (on ne faisait déjà plus cela à Constantinople), orientalisante et non authentiquement vénitien (d'ailleurs ce style n'a été repris nulle part dans la ville).
Autre fait singulier, Venise n'a jamais été entourée de murailles (la lagune suffit) et même les palais ne sont pas les grandes forteresses florentines austères et déplaisantes, mais de vastes entrepôts faisant étalage de la richesse de leurs propriétaires, des palais ouverts à la lumière. La ville de la fête, du cérémonial civil, comme devait l'être Athènes.
Puis l'auteur se perd en descriptions de mosaïques, de fresques, d'où submerge finalement l'impression d'un voyage des artistes "byzantins" et d'une évolution de leur style là où nous ne voyons qu'un art figé. Mais les fresques de la Kariye Cami sont plus proches de Giotto que des mosaïques de Ravenne, l'Empire byzantin anticipait peut-être la renaissance, comme l'Italie. Puis l'art s'est figé dans la nostalgie et la tradition, et n'a plus rien apporté au monde qu'une influence lointaine, presque magique, comme l'art égyptien, mésopotamien...

dimanche 22 janvier 2017

Raison des brèves

Cette impression de tunnel... Si ne restait pas quelques photos, comment pourrais-je me souvenir de ce que j'ai fait en 2016, sans parler des années plus anciennes? Me souvenir de ce que j'ai pensé, de ce que j'ai réellement vécu (car comment croire toutes ces photos trompeuses, ces jolis paysages - comme si je n'avais vu que des jolis paysages!). Il faut pouvoir dire le temps qui passe, arracher les souvenirs le long du chemin.
Sans un mot, sans un témoignage, il m'est tellement facile de trafiquer ma mémoire, de prétendre que les choses ont été différentes, plus belles, moins belles peut-être. C'est comme si toutes ces années n'avaient pas existé, comme si nous n'avions pas existé.