J'ajouterais à la bêtise: la fatigue. Et un mélange des deux, peut-être la pire cause de malheurs: la croyance en la permance des choses. En politique, à la force des institutions. Dans les relations humaines, à la valeur des contrats et des serments. Nos lignes Maginot mentales, qui nous font prendre les constructions humaines pour des réalités.
Cette croyance a fait s'effondrer des empires... Et même après leur chute, certains continuaient à les croire immuables, sous d'autres formes (lire le récit d'Eileen Powell, sur cet aristocrate gallo-romain dans sa villa au VIe siècle, ravi de sa vie confortable et érudite pourtant condamnée à l'anéantissement).
Sans aller dans un exemple aussi lointain, regardons nos démocraties fragiles, nos institutions bancales, construites sur trois bouts de papier. Nul besoin de hordes barbares. Un souffle, propagé par de mauvaises bourrasques, et tout est fini.