lundi 2 mai 2011

Humaniste et occidental...

Cette réaction unanime de joie à l'annonce de l'assassinat d'Oussama Ben Laden* me laisse une impression de doute. D'une part, certes, il était temps de l'empêcher de nuire (et il n'y a pas de quoi pavoiser que la première puissance militaire mondiale mette dix ans pour localiser un seul homme, au XXIe siècle!); d'autre part, certes, la vraie marche des choses, humaniste et occidentale, aurait été de le capturer et de le juger, ou au mieux (soyons réalistes) de se contenter d'un discours sobre. Mais nous avions tous admis que cet homme était le mal incarné, et que le supprimer changerait tout (ce qui est hélas loin d'être prouvé...) - sommes-nous tous devenus "bushistes", pour croire encore à la lutte du bien et du mal? Tout cela ressemble à une vaine vengeance.
Je mets en relation cet événement et notre intervention en Libye, où nous semblons chercher par tous les moyens à liquider Mouammar Kadhafi: avec quelle légitimité? et surtout, dans quel but? Que changera la mort d'un homme, si ses idées et son système survit? On aimerait pouvoir dire que c'est aux peuples de se libérer eux-mêmes - et peut-être finissent-ils finissent par le faire, au bout du compte, avec parfois une légère aide bienvenue (cf. mon post sur le printemps arabe, où je me réjouissais des manœuvres américaines). Mais j'ignore dans quel contexte, dans quel exemple historique, la volonté d'imposer la démocratie et la liberté par la force a jamais été un succès.


[*: je crains qu'autant de mots-clés attirent des yeux indésirables sur ce blog - tant pis... ce sera mieux que rien!]