Je regrette un peu la fin emphatique de mon post sur le Liban ("ce pays est une honte pour le genre humain"), pour autant je ne l'ai pas supprimée. Certes, on peut argumenter, avec raison, qu'il y a de nombreux pays bien pire que le Liban où, finalement, les hommes sont relativement libres... et avec le recul, le souvenir de cette discussion avec un ami libanais "enfermé" dans son pays s'efface, pour une impression générale d'un beau pays somme toute agréable.
Pourtant, il serait inconvenant de revenir sur une première impression, généralement plus juste que celle ruminée à distance, une fois la première digestion effectuée... Si j'ai trouvé que ce pays était une "honte", ce n'est pas par indignation lyrique facile: ce que je reproche, c'est en partie que des hommes intelligents, issus de vieilles civilisations prestigieuses, n'arrivent pas à s'entendre sur une terre qui pourrait être un paradis - mais même cela pourrait être admissible, et l'Europe n'a aucune leçon à donner dans ce domaine. Ma principale indignation est adressée à ceux qui voient Beyrouth comme une destination à la mode, avec ses boutiques et ses bars branchés, à ceux qui jouent sur la montagne en niant être sur un volcan. Les libanais sont les premiers responsables de ce discours de la branchitude, mais leur extraversion est pardonnable, elle n'est que la matérialisation de leur angoisse.
Je vois Beyrouth et le Liban comme une destination grave, désespérante. A peu d'amis je recommanderais ce voyage (mais pour ceux-là, ce sera à coup sûr une expérience enrichissante et digne d'être vécue). Quant à moi, j'y retournerai sans doute pour voir comment les choses auront évolué, dans dix ou vingt ans, incha'Allah.