"Le jour est éternel, et la pensée est fixe", écrit Paul Toussaint dans un de ses premiers poèmes, un texte fondateur pour lui. Voilà bien une idée de jeunesse, qu'il attribue pourtant au passeur Charon, le fidèle nocher des morts! L'illusion d'un temps qui ne s'écoule pas (ou pas assez vite) et d'un monde figé. Le mépris, la familiarité avec la mort. La recherche effarée du sens à donner à sa vie - hésitant entre les plus purs engagements (devenir poète, par exemple) et l'anéantissement résolu.
Préoccupations de l'homme de quinze ans! Le vieux Charon aurait bien ri à la lecture du poème, lui qui sait à quel point le jour est éphémère, la vie dépourvue de toute signification, et la pensée plus mouvante que le moindre effort pour la formuler.