Et mon retrait des brèves n'est pas lié qu'à des progrès livresques (d'ailleurs largement à l'arrêt ces derniers jours pour cause de voyage); j'en apprends plus en ce moment sur "la vie" que pendant les années précédentes, expérience dont je ne peux guère faire part ici. L'époque du "jeune professionnel"* est vraiment passée, quand j'osais claironner d'innocentes idées sur le monde, la cité, l'homme, ou sur moi-même! (Ceci dit, nul ne s'est réveillé au son maladroit de ce clairon...) Mais je ne veux pas perdre foi dans la possibilité de dire.
La malhonnêteté, la paresse intellectuelle et l'ingénieuse capacité de l'homme à scier sa propre branche, les
vastes luttes d'influence, l'expérience de l'impasse... J'avais bien cela en tête, certes! mais comme une réalité lointaine, comme l'existence de la planète Pluton ou des cœlacanthes dans les profondeurs comoriennes - c'est autre chose d'y être soudain confronté.
Je ne voulais pas non plus prêter l'oreille aux théoriciens du complot, aux déclinistes, aux indignés - n'y a-t-il pas pourtant matière à soulèvement? Et, parallèlement, ne suis-je pas complice, ne cache-je pas moi aussi mes propres cadavres - au moins complice d'être tenté par le retrait du monde? Je dois être blâmé d'avoir jugé révolue la lutte politique, de m'en être volontairement écarté, d'avoir été un optimiste raisonnable, par exemple d'avoir cru comme tout le monde que la transparence et les technologies de la communication résoudraient ces problèmes, atténueraient la mauvaiseté du monde - en prend-on vraiment le chemin? Mais je ne veux pas être désenchanté. Je n'ai pas renoncé en vain au chemin tracé par le poète. Je dois agir!
La malhonnêteté, la paresse intellectuelle et l'ingénieuse capacité de l'homme à scier sa propre branche, les
vastes luttes d'influence, l'expérience de l'impasse... J'avais bien cela en tête, certes! mais comme une réalité lointaine, comme l'existence de la planète Pluton ou des cœlacanthes dans les profondeurs comoriennes - c'est autre chose d'y être soudain confronté.
Je ne voulais pas non plus prêter l'oreille aux théoriciens du complot, aux déclinistes, aux indignés - n'y a-t-il pas pourtant matière à soulèvement? Et, parallèlement, ne suis-je pas complice, ne cache-je pas moi aussi mes propres cadavres - au moins complice d'être tenté par le retrait du monde? Je dois être blâmé d'avoir jugé révolue la lutte politique, de m'en être volontairement écarté, d'avoir été un optimiste raisonnable, par exemple d'avoir cru comme tout le monde que la transparence et les technologies de la communication résoudraient ces problèmes, atténueraient la mauvaiseté du monde - en prend-on vraiment le chemin? Mais je ne veux pas être désenchanté. Je n'ai pas renoncé en vain au chemin tracé par le poète. Je dois agir!