Au cinéma en cet été maussade, pour un film fascinant qui permettait de voir ce qu'on ne voit jamais.
Impossible pourtant de me concentrer sur le film. Je repensais à ces trois dernières années, ces années vides où rien ne s'est passé, une sorte de tunnel profond. Comment ai-je pu ne rien faire à ce point ? Certes, j'ai voyagé, entre deux villes et deux continents, mais ces voyages ne m'ont rien appris d'autre que fréquenter aisément les gares, les aéroports, les hôtels modernes et les ministères africains (pour ce qu'on m'en a montré). Certes aussi, l'échec du GRMF m'a ralenti - mais il n'est même pas seulement question d'écriture, si au moins il y avait eu autre chose ! Je n'ai progressé en rien.
Il faudra que je regarde mes agendas pour vérifier ce que j'ai bien pu faire durant tout ce temps. Je ne m'en souviens plus. C'est comme si je n'avais pas été là. Absent à ma vie, absent aux autres dont la vie s'est écroulée sans que je n'en soupçonne rien.
Je n'aurais jamais dû accepter de me mettre tout seul dans une telle situation. Surtout sur la base de promesses évanescentes et jamais suivies avec sérieux . Ainsi, les meilleures années de la vie ont été gaspillées, stupidement perdues.