jeudi 29 août 2019

Quand le cœur ne grandit pas

Il était écrit peut-être qu'un tel bonheur resterait un moment isolé, un segment fermé et stérile... Un nouvel échec !
Je m'y suis habitué pourtant, depuis tant de déceptions accumulées... Et le médecin avait déjà annoncé n'avoir pas entendu de battement de cœur - sans établir néanmoins de pronostic définitif, nous nous étions pris à y croire. 
La longue cohorte du florentin, de la parisienne, de la bruxelloise, du padouan, de la trébizondaise, de mes enfants imaginaires, baptisés par les lieux auxquels j'ai associé leur absence...  peuple le monde de leurs potentialités évanouies. Seule consolation peut-être dans ce désastre, Della Rovere également effondrée, décidée à remédier au "problème" (sans doute pas une malchance statistique). 

mardi 20 août 2019

A l'est d'Erzurum...

Turquie orientale... ce voyage si souvent rêvé, maintenant effectué dans l'enchantement, dans une entente confiante jamais égalée peut-être avec Della Rovere, approchant Trabzon, Ani, Van, Doğubayazıt en face du Mont Ararat...
Chaleur des rencontres (la surprise de voir deux touristes... quand on compare avec la Cappadoce et ses cohortes de cars chinois ou indiens), qualité d'infrastructures presque démesurées, préservation des monuments (parfois même trop, et le présent semble détaché du passé), diversité des paysages... Pourtant personne n'y va, jamais. J'ai moi-même reporté ce voyage dix fois au moins. Peut-être l'exotisme n'est pas assez fort pour des touristes ouest-européens? Ces grandes routes trop longues, ces restaurants à la lumière glauque, cette vie austère et banale, n'éveillent peut-être pas leur imagination, leurs désirs... 
Quelque chose dans l'urbanisme débridé d'un pays émergent, et toutes les plaies mal cachées, tous les silences qu'on n'ose rompre. Un voyage qui ne manque ni de grandeur, ni de tristesse. Les vallées de Yusufeli et leurs villages de bric et broc, les peupliers, les terrasses plantureuses, bientôt recouverts par l'eau morne des barrages. Ce que l'on voit n'existera plus. Et pour nous aussi, de tels moments surnageront comme des vestiges miraculeux, inexplicables, construits par des vivants oubliés.

"Un corps mort au fond de sa mémoire, où on ira le rechercher un jour."

mercredi 24 juillet 2019

A rebours

Fascinante biographie de Karl Lagerfeld (qui manque toutefois d'images pour rendre le sujet compréhensible). Allusions répétées à Eduard von Keyserling (à creuser), à Huysmans. 

Et je rêvais à l'étrange fortune d'A rebours, qui traverse les générations alors que s'éteignent discrètement tous les dinosaures de son époque. Un "roman" dans lequel il ne se passe strictement rien, qui ne plaît ni aux jeunes, ni aux vieux... 

Mais ceux qui doivent le lire l'ont lu.

mercredi 17 juillet 2019

Berliner Ruf

Soirée à Berlin. Tout avait pourtant bien commencé : la lumière d'été, les mots qui reviennent comme de vieux amis, et ce sentiment de familiarité, de bien-être, de liberté même... Ai-je vraiment ressenti cette sensation ailleurs qu'en Allemagne?

Mes impressions se sont brouillées. J'ai cessé de parler. Une sensation de gâchis, de perte s'est emparée de moi. En vain j'en ai fait part à Della Rovere, à Maître Kanter... Comment leur expliquer ? J'aurais dû tout fuir il y a quinze ans (quinze ans déjà ont passé!). Il y avait des opportunités peut-être, professionnelles, amoureuses. Mais je ne les ai pas regardées. Je ne les ai même pas vues, en fait!

mardi 26 février 2019

Le serviteur inutile

Rapide relecture d'extraits de La Recherche. Une phrase saisit évidemment la situation: "Il se rappela les becs de gaz qu’on éteignait boulevard des Italiens, quand il l’avait rencontrée contre tout espoir parmi les ombres errantes, dans cette nuit qui lui avait semblé presque surnaturelle et qui en effet - nuit d’un temps où il n’avait même pas à se demander s’il ne la contrarierait pas en la cherchant,  en la retrouvant, tant il était sûr qu’elle n’avait pas de plus grande joie que de le voir et de rentrer avec lui - appartenait bien à un monde mystérieux où on ne peut jamais revenir quand les portes s’en sont refermées."

Effet de cette phrase ou passage du temps ? Je constate que, même dans ma tête, "les portes se sont refermées", que ce matin j'étais revenu au niveau initial de mes désirs, ou pire même à un niveau moindre, à un niveau auquel même ce que je n'ai jamais eu me semble irrémédiablement retiré. 

*

Parole sévère du Christ, que j'avais pourtant méditée à l'époque : "On donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. Et le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres où il y aura des pleurs et des grincements de dents."

mardi 8 janvier 2019

Après bien des gymnastiques

Relu par hasard dans le blog, et qui colle à mille situations déjà vécues:
"Habitué à l'imminence de la catastrophe et à la proximité du suicide, persuadé que l'estime que l'on me porte est le fruit d'une incompréhension, je ne vois dans la main tendue qu'une erreur dont je me sens coupable, au lieu d'admettre simplement que réside là, après bien des gymnastiques, la possibilité du bonheur."