Anecdote du matin: après la perte d'une clé, sa redécouverte inespérée m'a rempli d'une joie sereine absolument extraordinaire, de gratitude envers l'existence et la société. Comme j'aurais été mieux loti, pourtant, si la clé n'avait pas en premier lieu disparu, m'épargnant quelques inquiétudes nocturnes! Cet épisode m'a immédiatement fait songer à la parabole du fils prodigue*, à la joie éprouvée par le père: "il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie; il était perdu et il est retrouvé!"
Peut-être un jour arriverai-je à comprendre comme il faut cette parabole? Depuis l'enfance, j'y ai toujours vu le récit d'une affreuse injustice, car bien sûr je me suis toujours mis du côté du fils fidèle (comment pourrait-il en être autrement?): "voilà tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis." Et j'y ai toujours vu une invitation au péché, une invitation à mener une vie libre et sans aucune contrainte morale, puisqu'il suffit de se repentir pour obtenir ce que les vertueux n'obtiendront jamais!
Comme cela est incompréhensible, scandaleux même! surtout pour notre époque éprise de "responsabilisation" plus de que de miséricorde. J'ignore si les bons croyants l'écoutent réellement, et, s'ils le font, ce qu'ils peuvent bien en retenir. "Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repentit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes, qui n'ont pas besoin de repentir"*: de qui se moque-t-on?
Pourtant cette parole est sans doute ce qu'il peut y avoir de plus authentique, la vraie parole d'un fils de Dieu: un simple fondateur d’Église aurait cherché à imposer une loi rigoureuse, à l'exemple de Moïse, et un évangéliste n'aurait jamais improvisé d'aussi étranges et inquiétants messages (je ne parle même pas de la parabole suivante, l'intendant infidèle*, où "le maître loua cet intendant malhonnête d'avoir agi de façon avisée"!).