mardi 4 novembre 2014

Sabordages

Nouvelle stupidité de David Cameron qui annonce vouloir se retirer de la Cour européenne des droits de l'homme*, ce que ni Erdoğan, ni Poutine n'avaient fait jusqu'ici. Tout ce qui porte le nom d'européen il voudrait l'exclure, et jusqu'aux hommes*...
On ne sait pas trop à quels intérêts privés pro américains (Murdoch?) ou américains (?) il cherche à se soumettre. Quoi qu'il en soit, l'histoire lui fera payer très cher d'avoir sabordé "l'idéal européen" pour quelques considérations à courte vue, de même qu'il a failli saborder son propre pays (!) en caressant le populisme de quelques politiciens écossais dans le sens du poil. On rêverait d'hommes d'État de haute stature, mais ce n'est plus guère possible malheureusement.


Et désormais, la question ne semble plus être si le Royaume-uni quittera l'Union, mais, plus grave encore, si l'Union pourra survivre à cet échec. Le Royaume-uni était certes depuis longtemps un perturbateur du projet, mais au moins était-il dans le projet. Ce n'est pas comme l'insignifiante suisse dont tout le monde peut se passer. Le Royaume-uni fait partie de l'Europe, de quoi ferait-il partie sinon? Et il fait partie de la civilisation européenne, bien sûr.
On rétorquera que l'Union et ses institutions ne représentent pas forcément l'Europe et sa civilisation. Mais c'est justement en cela que le projet européen est en train de réussir! Donner une conscience européenne aux peuples. Il est certes encore trop tôt pour que cette conscience se matérialise dans des institutions incontestées. Les Américains qui détestent Obama n'en appellent pas pour autant à la dissolution de Washington...


Dans le même ordre d'idées pessimistes, Jean-Claude Juncker* répète de façon maladroite que sa commission est celle "de la dernière chance" - sinon quoi? Si le projet échoue, l'Union deviendra un mythe puissant, un regret... Nos pays survivront, sans doute moins bien, feront de la convergence par défaut, se chamailleront inutilement. Et il reste à voir si cette Europe-là sera encore habitable pour nous.
Enfin, tous ceux qui critiquent le rôle de l'Allemagne seraient mieux inspirés de faire des propositions sérieuses, car en l'état actuel c'est le seul État à se battre pour la stabilité et l'unité européennes, non sans peine. Qu'a proposé la France, à part se gargariser de concepts creux comme "l'Europe politique", mentir systématiquement sur ses engagements, et perdre tous ses alliés en Europe?


PS: Qu'il soit permis de rêver à ce que pourrait apporter à l'Union un Royaume-uni pro-européen, avec sa prospérité, son savoir et son ouverture culturelle. Quel gâchis.