dimanche 22 mars 2015

Les vaisseaux spatiaux des théories relativistes

Aurélien Bellanger fait partie, comme son maître Houellebecq, de ces rares écrivains qui n'ont pas renoncé à dire le réel de la France, qui dépassent l'anecdote et l'égo - pour raconter quelque chose du monde contemporain. Dans l'Aménagement du territoire*, on retrouve la recette fructueuse de la Théorie de l'information*, une saga industrielle et ses implications économiques et sociales - malheureusement encombrée d'une conspiration à la da Vinci code qui n'apporte rien. Par conséquent, Alors que j'avais lu d'une traite les 400 premières pages, les dernières ont mis dix jours à être fastidieusement lues. Cette affaire de "restauration de la Marche de Bretagne", qui s'en soucie? les Bretons?

C'est dommage, car cette veine me semble prometteuse (il s'agit bien de la seule fiction que je supporte encore...) Et Aurélien Bellanger sait faire des phrases magiques, avec cette tournure technologique et scientifique rare dans notre littérature*, signe d'un esprit curieux et singulier, peu français... "Le château et son parc, figés dans un flou latéral, semblaient devoir rester prisonniers du passé, condamnés à s'étirer comme les vaisseaux spatiaux des théories relativistes pris dans un puits gravitationnel sans fond et certains de ne jamais rejoindre leur point d'arrivée."



*PS: Lautréamont s'y était expérimenté: "Je me connais à lire l'âge dans les lignes physiognomoniques du front: il a seize ans et quatre mois! Il est beau comme la rétractabilité des serres des oiseaux rapaces; ou encore, comme l'incertitude des mouvements musculaires dans les plaies des parties molles de la région cervicale postérieure; ou plutôt, comme ce piège à rats perpétuel, toujours retendu par l'animal pris, qui peut prendre seul des rongeurs indéfiniment, et fonctionner même caché sous la paille; et surtout, comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie!"