vendredi 27 mars 2015

Regresso

Je connais la nature transitoire et fragile des paradis - mais jamais je n'aurais imaginé qu'un tel lieu existe, en ce instant et dans mes yeux, avec une telle force sereine. Jamais je n'aurais pensé qu'un endroit me plairait autant. Au centre du monde, au milieu de nulle part. Un non-lieu attachant, pauvre, riche d'influences portugaises, africaines, l'étape des grands voyageurs où l'on serait tenté de rester, plutôt que partir à la conquête du monde, à la poursuite de rêves inabordables. Où ne débarquaient que les plus faibles, les poètes inaptes aux champs, les malades.
Oui, et peut-être secrètement, à l'émotion lointaine ressentie par quelque musique, à la nostalgie de la "riche éternité furtive" entraperçue autrefois à Soler, Majorque, au destin qui m'emporte au-delà des mers, ai-je toujours désiré vivre ici.