jeudi 30 juin 2011

Une orbite plus vaste, sans doute

Et alors que rien ne m'y préparait, je me suis soudain mis à penser à ce post sur les chemins rêvés, écrit le 10 juin 2008... il y a trois ans déjà! On ne progresse pas. On ne progresse plus. On est bloqué. Je suis bloqué. Les mêmes dilemmes, les mêmes impasses.On tourne autour du pot, sans aller à la soupe...

Le monde évolue, certes, on a un peu voyagé, on s'est intéressé à deux ou trois autres choses: une orbite plus vaste, sans doute... et de nouveaux amis, de nouveaux rêves! Tout cela... pour se retrouver par un matin pluvieux en face du même mur infranchissable.

Ce mois de juin ne m'a pas apporté grand chose depuis la redécouverte de mon ancien journal. Même ce blog se fait vieux; les soucis s'archivent comme des rides. Qui peut dire pourtant qu'une vie sans cesse renouvelée est possible? Ou qu'existent des moulins à prières ne rendant pas toujours le même son?

mardi 28 juin 2011

Krebs

Une récente nouvelle, affligeante, sur un collègue que je connaissais peu, m'a rappelé cette Plainte sur la mort de Sylvie, poème de Saint-Amand qui m'est revenu intact de ma jeunesse:

Ruisseau qui cours après toi-même
Et qui te fuis toi-même aussi,
Arrête un peu ton onde ici
Pour écouter mon deuil extrême.
Puis, quand tu l'auras su, va-t'en dire à la mer
Qu'elle n'a rien de plus amer.


Raconte-lui comme Sylvie,
Qui seule gouvernait mon sort,
A reçu le coup de la mort
Au plus bel âge de la vie,
Et que cet accident triomphe en même jour
De toutes les forces d'Amour.


Las ! je n'en puis dire autre chose,
Mes soupirs tranchent mon discours.
Adieu, ruisseau, reprends ton cours
Qui non plus que moi ne repose ;
Que si, par mes regrets, j'ai bien pu t'arrêter,
Voici des pleurs pour te hâter.

dimanche 19 juin 2011

Brève relecture (2)

Autre enseignement de cette brève relecture, le nombre de brèves a connu une inflation considérable en 2010 et surtout depuis 2011. Il faut dire qu'en 2008, après la réouverture de ce blog, je n'ai plus rien écrit pendant quelques mois. C'est ce court déplacement à Bruges qui curieusement a tout relancé: que s'y est-il passé? et surtout, que s'est-il passé avant, durant ces mois pour lesquels il n'y a plus aucune trace? Ce silence m'angoisse, rétrospectivement...
Il serait pourtant faux de ne voir dans cette inflation qu'un désir plus grand d'expression personnelle. En réalité, j'ai réussi à vaincre le dilemme de l'écriture d'un blog (d'un journal intime, secret), la difficulté de trouver le "temps des brèves", grâce à deux développements techniques de la plateforme Blogger: d'abord, la possibilité d'envoyer des posts par courriel (d'où certains qui semblent des brouillons au moment de la publication), puis l'application BlogPress sur iPod/iPhone, qui permet d'écrire en toutes circonstances, dans des aéroports, dans le calme de la nuit, ou devant un film sans intérêt.

Brève relecture

Brève relecture des brèves (j'en ai fait un fichier Word de sauvegarde au cas où la plateforme Blogger se mettrait à ne plus fonctionner)... Et il y avait bon nombre de corrections à faire, formules obscures (notamment dans ma période "durellienne"...), fautes d'orthographe (une faute qui revient souvent: l'oubli du double "n", comme dans griffonné, pavillonnaire, confessionnelle - c'est pourtant simple!), quelques erreurs de grammaire. Mettons cela sur le compte de l'oubli ou de la précipitation de livrer un témoignage si nécessaire à la bonne marche du monde... (mon œil!)
Ou doit-on en conclure que la maîtrise absolue de la langue française est un exercice impossible. Il me semble avoir lu que nous sommes une des seules langues dans lesquelles la dictée est devenue un art - et il est vrai que par exemple à un Turc ou à un Allemand, dont les langues s'écrivent comme elles se prononcent, cet exercice serait parfaitement incompréhensible.

vendredi 10 juin 2011

Colosse de Memnon (2)

Courte rumination et un petit complément. L'esprit de Memnon et celui de Christiania sont certes opposés, mais ne sont en réalité séparés que par une modeste cloison, une infime membrane, déchirable au moindre choc, mais reformable à l'infini (la "nature humaine" est généreuse).
Un peu d'orgueil, un peu d'amour suffit.

Colosse de Memnon

"L'esprit de Memnon", ou plutôt devrais-je l'appeler "le colosse de Memnon" (tant ce sentiment me paraît aujourd'hui un ennemi indétrônable, qui chante à l'aube depuis des siècles), je l'avais injustement confondu avec "l'esprit de Christiania": "Certes, l'esprit de Christiania flotte encore, et je me sens tout autre..." (mai 2011). Quelle erreur! L'un est un éloignement, une incompréhension douloureuse de soi, tandis que l'autre consiste à s'assumer sereinement. Ou, autrement formulé, l'un est une destruction inquiète, l'autre une revendication insouciante.
Au moindre moment de solitude, c'est comme si toutes mes attaches (pourtant joyeusement acceptées) s'évanouissaient, comme si je n'avais ni père, ni certitude quelconque... J'envie ces personnes qui savent exactement qui elles sont. Seuls aux mots peut-être j'appartiens, à la langue française.

Dans la même veine, j'ai presque honte de révéler que je déteste voyager seul. N'est-ce pas un aveu de possession par le Colosse de Memnon? Et cela signifie-t-il que je me suis devenu une mauvaise fréquentation? Comme je me sens loin, par exemple, de cet ami que j'avais évoqué ici (surnommons-le "le resquilleur") et qui partait seul dans des voyages lointains: "c'est le meilleur moyen, me disait-il, de rencontrer les habitants ou d'autres voyageurs. Voyager avec des amis oblige à ressasser les mêmes histoires: on ne bouge pas" (j'invente un peu, mais ce genre de déclaration m'avait frappé: nul ne s'étonnera d'apprendre qu'il aimait l'affreux violon solitaire de Bach). Ce sont les autres qui vous créent, qui vous accolent des attributs, et, une fois mort, seuls demeureront hélas ces attributs... Notre sujet, notre "moi", dans l'isolement de cet aéroport bruyant et encombré, me semble un perpétuel recommencement, un pacte aisément récusable, toujours enclin à une extraordinaire métamorphose!

jeudi 9 juin 2011

Lahdenväylä

Ces pays dont les mots nous sont absolument étrangers, que l'utilisation de l'alphabet latin rend plus agressifs encore - puisqu'il nous est obligé de les lire, et impossible, contrairement aux caractères arabes ou chinois, de les considérer comme une partie anodine et décorative du paysage.

dimanche 5 juin 2011

Le magnifique livre

Le "magnifique livre" auquel je faisais allusion est le Journal atrabilaire de Jean Clair. L'auteur, membre de l'Académie Française depuis 2009 (cette élection m'était passée inaperçue) a été conservateur de musées renommés (Beaubourg, Musée Picasso par exemple), mais, curieusement, ce ne sont pas ses opinions artistiques, toutes documentées qu'elles soient, qui forment le plus intéressant de ce journal. Ni le côté "atrabilaire", sans doute fort commun pour de hauts fonctionnaires approchant de la retraite. En réalité, il n'est jamais aussi passionnant que quand il évoque des souvenirs d'enfance, des rêves. Toutes ces réflexions personnelles touchent à l'universel humain, irréductible, car non conçues pour distraire ou instruire des lecteurs avertis, ni comme vengeance contre des milieux parisiens.
Je prends note en particulier de ses longues pages sur l'avènement du matriarcat, qui me frappent maintenant comme une évidence (comment n'y ai-je pas pensé plus tôt?), et sur lesquelles il faudra revenir.
Wie nah fühl' ich von dir! Ce paragraphe relatif aux blessures d'enfance, que l'on pourrait citer entièrement dans ces brèves, sensation que jamais je n'aurais pu si bien décrire. Et je m'amuse aussi de cette page où il raconte avoir évité un ami à cause d'une dispute imaginaire survenue dans un rêve de la nuit précédente - décision qui ne souffre aucun débat*.

vendredi 3 juin 2011

Verweile doch, Augenblick!

Ces rires d'enfant, ces éclaboussures, la lecture d'un livre magnifique sous un soleil généreux: je ne voudrais pas d'une autre vie.
Et pourtant, le temps qu'il a fallu pour arriver ici! Les sarcasmes des camarades, les éclaboussures, tout ce qu'il a fallu apprendre dans l'ennui des ciels identiques... Je ne voudrais pas revivre cette vie, ni aucune.
Je voudrais que cet instant dure toujours.

jeudi 2 juin 2011

Redites

Après tout, ces répétitions que je me reproche ne devraient pas m'accabler autant. On pourrait aussi les considérer comme un avatar renouvelé de cette méthode "hébraïque" d'écriture, que j'ai déjà évoquée ici. La variation incessante sur une idée fixe, afin d'arriver à la forme parfaite...