samedi 21 janvier 2012

Il fallait que cette fenêtre fût ouverte

Durant ses années de formation, un homme (modeste pianiste du dimanche, plus qu'imparfait, sur un piètre clavier électronique) préférait jouer la fenêtre ouverte, en toute saison... Ce n'était pas par exhibitionnisme, et au contraire l'idée que quelqu'un l'écoutât dans le jardin de l'école, ou pire encore l'idée que il pût déranger quelqu'un dans son travail, lui faisait perdre ses maigres moyens.

Pourtant, il fallait que cette fenêtre fût ouverte, que les atomes silencieux de l'air vibrassent un instant de ces quelques notes, que des oiseaux, des rongeurs, des insectes les entendissent - et, qui sait, peut-être une oreille lointaine y eût finalement prêté attention? Il fallait que cette musique laide allât s'évaporer dans quelque univers concret - autrement, c'eût été comme formuler une prière si secrète, si intérieure, que Dieu même ne pût l'apercevoir, une pressante demande à jamais stérile.

dimanche 8 janvier 2012

Calendrier maya

Toutes ces annonces eschatologiques sont bien distrayantes... Il faudra pourtant m'expliquer la crédibilité des prédictions formulées par une civilisation qui aurait pu dater la fin du monde, mais qui n'a pas su anticiper sa propre chute.

samedi 7 janvier 2012

L'historien du futur

Tableau (déjà daté) de Janson
Quelle joie de retrouver, sous la plume d'un maître*, ce même personnage de l'historien du futur dont j'ai parlé à de si nombreuses reprises (voir , , , ou )! Cet homme ou cette femme des siècles  à venir qui, ayant toutes les sources en main, connaissant l'évolution des choses, pourra comprendre notre monde contemporain, et sourira de nos inquiétudes injustifiées, ou maudira notre insouciance...

Et moi, je vis ces années étranges, où malgré l'abondance des informations immédiates, leur disponibilité dans l'éternité de la Toile, il est impossible de maîtriser "les tenants et les aboutissants", de se faire une juste idée d'aujourd'hui, a fortiori de demain. Où domine ce sentiment de vacuité désordonnée, maintenant que nous avons écarté les "anciens parapets" de la religion, du progrès, des idéologies variées, que nous les avons démontés avec soulagement. Nous le reprochera-t-on, plus tard?


*: "L'iconographie des affiches de mai 68 sorties de l'Atelier des Beaux-Arts est singulière: des policiers tout en noir, casqués de noir et lunettes noires, brandissent des matraques (...), un jeune est bâillonné, la presse est comparée à un flacon de poison, etc. L'historien du futur, qui n'aurait que ces documents ou ces archives pour comprendre**, imaginerait que la France de ces années-là était une dictature militaire, où les libertés étaient suspendues et les habitants à chaque instant menacés d'emprisonnement ou de mort. Cela a existé en effet, à l'époque, mais ce n'était pas la France, c'était Prague dont le "Printemps" fut écrasé par les chars. Cette étrange inversion des rôles, là-bas vécus et ici joués, trahissait déjà la futilité et la frivolité, le mensonge dans lesquels la France "moderne" allait vivre. Aux autres la peine d'accoucher l'Histoire au forceps, à elle de jouer les pleureuses." 

**: je me rends compte à la relecture que cette citation ne vient guère conforter mon propos, car "l'historien du futur" de Jean Clair ne peut mettre sous sa dent que quelques éléments de propagande, alors que le mien est une sorte d'auteur omniscient capable de donner un sens à toutes les vies passées, un réinventeur.

jeudi 5 janvier 2012

La justesse du message

Finalement, les promesses de Della Rovere se sont avérées aussi éphémères que le reste des promesses florentines... A l'en croire, ce ne devrait pas être si grave, ce n'est qu'une question de temps, nous pourrons toujours y revenir. Pourtant, je vois cela comme un échec personnel, l'incapacité d'inspirer la confiance (et peut-être a-t-elle profondément raison).

Tandis que je retournais la question dans tous les sens, durant cette nuit tempêtueuse où le vent sifflait à travers d'infimes ouvertures, m'est soudain apparue la justesse du message de Meyr, qu'effectivement les fascinants bouleversements du monde contemporain n'ont aucun intérêt, si nous ne sommes pas capables de parvenir à nos fins dans la vie personnelle, d'éveiller la confiance, la tendresse, ou l'amour chez ceux qui comptent pour nous.

dimanche 1 janvier 2012

Retour sur 2011 (3)

Retenons plutôt de 2011 cette image furtive et extraordinaire d'une joyeuse foule londonienne dansant sous les images grotesques des funérailles de Kim Jong-il. Après tout, peut-être prêtons-nous trop d'attention à des événements que l'historien du futur jugera insignifiants. Et peut-être oublions nous trop souvent, pris par ces crises diverses, par ces révolutions économiques, technologiques et politiques, de célébrer la vie - peut-être que les années que nous vivons paraîtront aux générations ultérieures un âge d'or évanoui, de même que l'homme de l'an mil gardait, au cœur de sa volonté de survie, le souvenir indéracinable de l'empire romain.